Passing jazz

PointBreak a joué l’entremetteur entre le jazz et la génération de 2000 qui, a priori, s’en contrefout un peu du jazz. On a fait jouer les algorithmes. C’est marrant, ces tracks qui émergent des descentes de la Gen Z dans SpotiTube, You-Fy et autre AlgoFlash. Nostalgia, bluette et calm jazz. C’est quasi-lounge. C’est foutraque mais c’est très valable. Bref, c’est Jazznoob. Deuxième saison de témoignages-vérité.

par | 6 Nov 2021 | Jazznoob, Culture pop

Orange © ichigo takano (2012)

— Orange © Ichigo Takano (2012)

Automne, les feuilles arborent une couleur flamboyante avant de venir s’éparpiller sur le sol. On imagine, un instant, une vieille maison de campagne, chaleureuse et réconfortante. Du matin au soir, elle est habitée par des notes de saxophone, de piano ou encore de trombone. L’été, une voiture roule en direction de l’océan avec, en fond sonore, la radio qui ne joue qu’une seule station, en boucle, TSF Jazz. Une seule personne m’a fait connaître ces ambiances rythmées par le jazz, mon grand-père. Ça participe à un bon cliché ? C’est sûr. Et alors ? C’est quoi le jazz aujourd’hui ?
J’ai fait confiance à l’algorithme de Deezer pour me mener à travers cet univers, au fil du temps qui passe. Comme tous les chroniqueurs de JazzNoob, je lance une playlist : Jazz Now. Le premier morceau date de novembre 2021. Habituée à un certain style de jazz, je ne m’attendais pas à ça. Poetry signé Adam Baldych et Paolo Fresu est une mélodie parfaite pour cette jolie saison qu’est l’automne. Entre innocence et pureté, le voyage est rythmé par la douce fusion d’un violon et d’un saxophone. Ces notes, mêlant nostalgie et énergie, retentissent en moi comme la description parfaite de nos sentiments à cette saison. L’été s’échappe, la nature se transforme. C’est ni mieux ni moins bien, c’est différent. La nostalgie peut s’installer donnant place à un grand besoin de calme, de réconfort peut être même de solitude. Poetry m’a accordé cet instant qui fut, d’autant plus appréciable, en regardant la pluie tomber dehors.

— Poetry par Adam Bałdych & Paolo Fresu (2021)

Andy Williams

Andy Williams

Pongo

Pongo

Michel Legrand

Michel Legrand

Mais comme le temps, ce morceau passe aussi. Et là, tout devient logique. Le meilleur moment de l’année arrive. Noël. Pardon, c’est totalement subjectif. Brett Eldredge me plonge directement en hiver avec son It’s The Most Wonderful Time Of The Year. C’est magique et on regrette même les tonnes de neige dans les rues. Cette reprise d’Andy Williams nous ramène directement en enfance. La voix grave et puissante du chanteur nous transporte vers un Noël merveilleux des années 60. Très vintage et très classe.
Pour passer à la saison suivante, enfin, au morceau suivant, pas meilleure transition que You Must Believe In Spring d’Estelle Perrault. D’une légèreté et d’une douceur incroyable, la chanteuse laisse croire en des jours meilleurs et en l’amour à travers cette reprise de Michel Legrand. Accompagnée au piano, cette musique si poétique fait voyager subtilement de l’hiver au printemps. À noter, you must believe in love.
Musique suivante. Un chant en espagnol pour bouger encore, un peu plus loin. Sortie récente également, Deixa Partir de Béesau et Pongo est clairement une musique à écouter allongée dans l’herbe sous un arbre fleuri. La trompette de Béesau s’immisce à travers les mots chantés par Pongo. Et cette énergie me réchauffe le cœur. Le temps, lui aussi se réchauffe puisqu’une instru joyeuse s’apparente au printemps mais aussi à l’été. Non ? C’est donc Eurydice de Jî Drû et Sandra Nkaké qui nous envoie directement sur une plage de sable chaud. Cette musique délivre un sentiment de paix grâce à l’harmonie des voix de Sandra Nkaké et de Marion Rampal puis à la flûte de Jî Drû. Cette chanson donne sa vision poétique d’une séquence de la mythologie Grecque. Cette bouffée de chaleur rappelle évidemment Eurydice emprisonnée aux enfers. Un sentiment de liberté et de grands espaces se dégage tendrement de cette musique et finit en beauté cette découverte du jazz à travers le temps qui passe.


Manon Perrot

— You Must Believe In Spring par Estelle Perrault (2021)

Sandra Nkake © Benjamin Colombel

Sandra Nkake

Retrouvez d’autres épisodes de Jazznoob ici.

Share This