ÉLISE CARON & EDWARD PERRAUD,
Happy Collapse
sortie en décembre 2020 chez Quark Records
ENGLISH
There is a plant called saxifrage here in France. A plant with a fierce willpower that does not bypass the stone, but surrounds it, pierces and splits. Here, the music goes like this, as we know from the ‘shop suey’ experiments of Bitter Sweet (Quark records, 2012). This duo is made up of a vocalist-flutist and an electronic drummer. Elise Caron is also a drill for shrewd folklore, while Edward Perraud also dances with that a touch of flamboyance drilled in the dandy tradition. The junction, the arrangement of these two personalities pushes the common on shores of infinite tenderness. Of jostled tenderness, where stubborn miniatures (La Guerre), always a little strange, always a little disturbing, are chiselled. And this is the very pretty inspiration, made with two heads. Caron and Perraud know how to get lost and even lose your ear on territories criss-crossed by the tangent. Electros, intimate language, shattering improvisations. It hits the stone, common sense (Madrigal) and your eardrum. The paradox seems to be part of the Perraud/Caron pair, a paradox which, beneath its little face of oxymoron, will look for a familiar, stinking, with the same care that one used to stink of shirts, of something new. Silence and the digging of the sound matter play an equal part, the public thing invites itself here (La Meute et le troupeau), thought is heavily active while remaining hidden. Happy Collapse plays his happy collages, with this trick of the gardeners collecting splinters of split stones.
Il y a cette plante qu’on appelle saxifrage. Un végétal à la volonté farouche qui ne contourne pas la pierre, mais l’enserre, la perce et la fend. Ici, la musique, on le sait depuis les expérimentations ‘shop suey’ de Bitter Sweet (Quark records, 2012), va ainsi. Dans ce duo, on compte une vocaliste-flûtiste et un batteur-electronicien. Elise Caron est aussi foreuse de folklore rigolard, Edward Perraud, lui, verse également dans la tradition dandy un rien flambeuse. La jonction, l’agencement des deux personnalités pousse le commun sur des rivages de tendresse infinie. De tendresse bousculée, où se cisèlent des miniatures entêtantes (La Guerre), toujours un peu étranges, toujours un peu perturbantes. Et c’est là, la trouvaille jolie, faite à deux têtes. Caron et Perraud savent se perdre et perdre votre oreille sur des territoires arpentés par la tangente. Boutoirs électros, novlangue intimiste, improvisations fracassantes. Ça frappe la pierre, le bon sens (Madrigal) et votre tympan. Le paradoxe semble constitutif de la paire Perraud/Caron, paradoxe qui, sous sa petite gueule d’oxymore va chercher un familier empesé, avec le soin dont on empesait les liquettes, d’inédit. Le silence et le creusement de la matière sonore jouent une part égale, la chose publique s’invite ici (La Meute et le troupeau), la pensée est lourdement active en restant planquée. Happy Collapse joue de ses happy collages, avec ce truc des jardiniers ramassant les éclats de pierres fendues.