Line-up
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Haïm Isaacs : chant
Frédéric Reynier : piano, percussions
Jules Lefrançois : tuba, percussions
Yann Lou Bertrand : trompette, contrebasse
Il y a les tribute opportunistes, et il y a les déclarations d’amour. Joni Mitchell in Jerusalem est de ceux-là. Hommage déférent et irrévérent à la chanteuse brumeuse canadienne, le disque d’Haïm Isaacs revisite 11 titres, en les plaçant urgemment sur l’établi. Enregistrés par strates, recomposés avec patience, polis avec une calme passion. « Mon frère dit que je suis née le jour où je l’ai entendue pour la première fois. Il est généralement rigoureux. » Isaac chante Mitchell depuis qu’il a quinze ans, bon âge pour naître à la vie. Depuis, il les chante un peu partout, de Gaza jusque dernièrement en France où il vient de s’établir, il s’en invente des récits persos et autobiographiques, les recompose pour les enregistrer. Comme ici. Joni Mitchell in Jerusalem est un de ces disques des petits matins, où on peut encore être capable d’être à l’écoute des reliefs de songes, de soi et de ce qui peut advenir d’accident heureux pour les prochaines heures. C’est une bande son, férocement intimiste, et paradoxalement universelle. Les arrangements se jouent des mélanges jazz-pop crémeux, la voix de french cor d’Isaacs est bluffante de velours et de limites contournées en cotant le tuba dans ses lignes mélodiques. Little Green, à ce titre, est une petite pépite de grâce et de lyrisme de chambre, les yeux à peine ouverts mais déjà tournés vers l’au-delà. Haïm Isaacs a baroudé pas mal d’année, et ces tribulations, hippies, théâtrales ou musicales, sonnent claires dans ce disque. Pas forcément une masterpiece à panthonéiser, mais définitivement un objet vivant et mouvant, à garder près de soi comme réconfort.