la fete de l’uma,
premiere edition
17 nov. 2023
le consortium

 

studio uma x ici l’onde

fête de l'uma

nuur

chimi churri

surprise barbue

grimR


textes : Guillaume Malvoisin
photos © Vincent Arbelet, 17 novembre 2023

Alain Jean-Marie

Et Uma fit ses humanités. Nouveau studio audio-visuel dijonnais, nouvel agrégat expyhappypoppy, vivier culture mature et fièrement post-ado. Ouvert et réouvert avec intelligence, il y a peu, rue Montmartre, y grenouillent entre autres, le studio Ikko, l’Engeance, Ici l’Onde, Bruit marron, des musiciens, des passants, des passeurs. On y répète, on y crée, on y discute, on y prépare non pas l’avenir, un présent réjouissant. Vitrine magique, diablement achalandée au Consortium, pour la première Fête de l’Uma. Titre clin d’oeil. Oreilles ouvertes, PointBreak a rejoint la jauge fournie comme une poissonnerie un jour de Pâques. Brillante, lustrée, haute en couleurs. Liqueurs, massages, tatouages. Pas loin de 300 petites gueules bienheureuses.

Alain Jean-Marie
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Alain Jean-Marie
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Premier établi, Nuur. En septembre 2022, on écrivait pour la création, en duo, de Run : « Au fronton de la perf, physique et sonore, d’Émilie Labrégère et de Nicolas Virey, il n’y pas vraiment de course mais une friction à petites foulées, celui d’une vielle à roue et celui d’une runneuse. Une fiction pleine de poussées et d’endurance. Capteurs contre piezzos, l’instant s’échafaude dans le souffle et les bourdons. On a vu auparavant Émilie Labrégère danseuse et comédienne, on la voit désormais percussionniste, sportive, performeuse et quadrilleuse folk. Run, c’est du roots tradi revitalisé par le contemporain. Mini-podium, mini-parquet de bal à ciel ouvert. » On maintient. Même maintenant que Run a pris la lumière de Nuur, en trio. Mathieu d’Alexis allume son Arp 2600. Coup de rétro, palindrome presque parfait : Run devenu nuuR. Imparfaite, donc sensible, brute et résolue, cette version 2.0 de Marathon Man.

Alain Jean-Marie
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Deuxième établi, Tropiques dans le compteur. Tout est chaud, tout est cool, chez Chimi Churri. Chimmi chimmi yo, on go Back to le futur, calme et tranquille. C’est tendu de stances eighties rimées frenchy, c’est taillé pour le plaisir immédiat, et ça sonne comme une nouvelle pépite de cool-pop dijonnaise. Le choix du Français, audacieux à la première oreille prêtée à la voix, réveille le meilleur, Elli Meideiros, le plus discutable-adorable, Corinne Charby, et se fond dans le plus aventureux, Yellow Magic Orchestra, dans le tranchant fugace du shoegaze et le plus moelleux de la pop expé. Le guitariste rythmique pourrait fournir des listes de refs inextinguibles, à déguster au besoin comme annexe au concert. En attendant, sur place et en face, Chimi Churri a la sauce qui prend facile. Aigre-doux en bouche, c’est simple au tympan. Et très bon.

Alain Jean-Marie
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Troisième Suze-to, troisième établi. C’est le carnaval de Notting Hill, un coup de foudre clipé par Infogrames. Non, Bethesda studio, plutôt. Puisqu’il y a là le monde ouvert de Skyrim, faisant des volutes au milieu de la boiler room arcade montée par Surprise Barbue. Des barbus, on en croise en piste et sur l’écran de fond de scène. Avec des lézards qui dansent, des goules à massue, un avatar de Skywalker survolant les airs détournés par Théo Chikhi. Culture geek oblige, tout est saturé, ultra référencé, remixé et digéré. Rien ne surprend dans cette longue montée sous influences. Après tout, il y a une paire de siècles, un type s’est fait bien connaître en marchant sur l’eau. C’est dommage, personne a pensé à garder la bande-son. Marrant d’imaginer, deux secondes, un Kevin Valentin, post-christique, remanier une O.S.T biblique, déroulée tranquille. Les bras en croix.

Alain Jean-Marie
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Un peu plus, ma petite dame ? Oui, volontiers. Dernier établi. Confié à la violente entrée en matière signée GrimR. De l’émotion à l’agressivité, il n’y a qu’un pas. Chassé, le pas, et sournois. Sneaky disent les angliches. Sneaky, c’est le meilleur mot pour résumer l’entame de set. Plaisir à réécouter GrimR en live. Electro-nucléaire carrée, classe et brutasse, avec un grain mutin que les sex-shops des 80’s ne renieraient pas. Une sorte de musique avec du bleu électrique, du vert néon et du violet sur les bords, et carrément indigo au milieu. Grand aura réussi. DJ, parfaitement à l’heure de son époque. Où l’Huma veut de la fête colorée pour oublier les cendres grisâtres de jours bien trop chargés.

Alain Jean-Marie
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