Conquêtes et frénésie
Extra Festival, La Vapeur,
samedi 13 et dimanche 14 mai 2023
Cinq groupes, musiciens, chanteurs, compositeurs : tous extras. PointBreak était à La Vapeur et Au Maquis pour l’Extra Festival, deuxième du nom. Premières odeurs d’été, deux jours de crescendos électrisants. Extra, ça aussi.
Samedi
Uzi Freyja
T’as pas vu deux grandes couettes blondes ? Si t’avais été à La Vapeur samedi et tu ne les aurais pas loupées ! Uzi Freyja, jeune femme de 25 ans, a mis le feu à l’Extra Festival. Avec son humour à décoiffer n’importe quel sceptique, elle arrive à aller chercher son public. A coup de punchlines pour nous engueuler si on ne crie pas avec elle. Ce concert sur la petite scène mais je me suis crue face à une puissante lionne. A grands coups de tresses blondes elle nous montre comment se déhancher. Elle voulait de la sueur, des cris et des éclats de rires. C’est ce qu’elle a réussi à nous arracher.
Forever Pavot
Entre hanté, féérique ou des années 70, Emile Sornin m’a prouvé la diversité flagrante de sa musique. Ces sons font divaguer d’une cage à oiseaux, aux noces funèbres de Tim Burton, tout en passant par le générique de Tintin. Un choix d’instruments varié, mais aussi de bruitages déconcertants qui accompagnent l’histoire de ces compteurs. Un cocktail qui a su me rendre euphorique. Cette prestation : une vague à la fois délicate grâce à la flûte traversière et ce côté mélodieux ; et à la fois puissante grâce à une batterie volcanique. Ambiance volatile et fantomatique qui hypnotise. A la limite de la volupté.
Social Dance
Pour un premier vent d’été c’est réussi ! Social Dance a une énergie nucléaire. Émane de la chaleur de leurs instruments. Je pouvais voir les gens danser sans se soucier du monde qui tournait autour. Ambiance années 80 stylisée par deux synthés accompagnés d’une guitare à la vibe des années 70. Côté paradoxal qui donne un enchevêtrement surprenant mais harmonieux. Ça crée une sorte de transe où tout le monde oublie ses problèmes et danse le temps d’un concert. Et ça marche ! Le public en feu, rappelle le trio pour une dernière chanson. Frénésie qui venait d’on ne sait plus qui, elle pousse le guitariste à venir dans la foule. Cette mélodie entêtante et cette rythmique survoltée conquièrent le corps de chacun. Une envie frénétique de bouger en entendant cette symphonie.
Dimanche
Meule
Maquis pluvieux, Meule heureux. C’est quoi Meule ? Une batterie pour deux batteurs, un guitariste qui gratte fort et bidouille des milliards de boutons. Sur le papier, on se dirait : « ok chelou ». Au final, on se dit : « bordel, c’est le feu en fait ». Les gars ont broyé la scène du Maquis avec leur krautrock cosmique très détaillé et inédit. Inédit le Krautrock ? Bah ouais… Ça bouge pas trop sur scène et pourtant, c’est dingue à voir. C’est une véritable démonstration instrumentale originale mêlant machines high-tech comme la bague modulante connectée et un synchro à la batterie hypnotisant. Bref, verdict : Meule dans ma playlist perso, DI-RECT/10.
Brama
Brama conclut parfaitement cet extra festival. Un délire rock psyché occitan, et les p’tits potes… Grosse claquasse ! J’aurais jamais imaginé qu’une vielle à roue me fasse autant transpirer ! Brama c’est un beau sauvage à la batterie et au chant, un guitariste aux riffs cinglants et une vielle à roue sous LSD. C’est aussi des rythmes frénétiques et un chant que certains jugeraient sectaire. Tss, même sans parler le patois de Corrèze, on se prend à la fredonner très très vite, au fil d’un concert qui n’a que des hauts. Aucun de bas. Jusqu’à la fin. Ce set se termine d’ailleurs par un crescendo transcendant et électrisant, une montée en pression qui rappelle la transformation de Sangoku en super-saiyan. On se bouscule, on a le sourire aux lèvres et on scande « Vive la Corrèze Libre ! » . Bref, verdict : j’ai failli arracher mon t-shirt ! /10.