Exploding Star Orchestra,
Lightning Dreamers
sortie le 31 mars 2023 sur International Anthem
À fracasser des étoiles, convenons-en, il y a de fortes chances de se prendre de la poussière dans l’œil. Ce qui frappe à la première écoute de Lightning Dreamers, de l’Exploding Star Orchestra, c’est la naïveté ancestrale avec laquelle la musique s’est stratifiée. Au festival Sons d’hiver en 2022 d’abord, puis au Sonic Ranch texan, pas loin de la résidence/laboratoire de Marfa où Rob Mazurek explore, exsude et expire ce qu’un artiste multipiste peut avoir dans le sang. Ce qui irrigue ce disque est du même acabit. Suit le même process, habituel désormais pour l’ESO, même, comme ici, en version réduite. Jouerie puis jonction, jonction puis explosion, explosion puis jouerie. C’est l’histoire de la vie, le cycle éternel, hurlerait-on pour le roi des lionceaux. Et dans cette éternité entr’aperçue, jaillit du chamanisme spatial, des voix obsessionnelles (Dream Sleeper), du cri primal et cosmique (Black River), de la certitude interstellaire, des nappes sensuelles, des attaques façon post-Bop, des assauts tutti et d’autres choses en solo plus fragiles. Le son est immersif, frontal et impératif. L’ensemble est compact. Chaque musicien, engagés ici à joindre « des éléments sonores dans une expérience cohérente », fissure l’espace sonore à grands coups d’éclairs supersoniques. Dans le mêlisme 2.0 de Lightning Dreamers, on ne parle que de cela. De lumière, loin, là-haut. Là-haut où s’est réfugiée l’âme de Jaimie Branch, trompettiste adorée chez PointBreak, musicienne ayant pris bien trop, et bien trop tôt, au sérieux son Fly or Die, à qui est dédié ce disque, semblant disposé à ne vouloir tutoyer rien d’autre que la stratosphère la plus claire.
International Anthem : Bandcamp