Stop the hate, Fight Harder. Paradoxe périlleux mais parfaitement digeste. C’est le mojo de We Da People, premier LP solo d’Emmanuel Harrold. Bâti sur les codes de la nu soul, le disque s’appuie sur une musique consciente. Consciente d’elle-même et de son histoire. Harrold est né à Saint-Louis, terre de mélanges et de syncrétismes. Ça s’entend. Dans le groove new-orleanais qui sous-tend Good Word d’où s’échappe le trombone très classe de Saunders Sermons II. Dans la scansion du comédien Malcom-Jamal Warner sur We Da people, écho contemporain aux saillies guerrières de Gil Scott-Heron. Ce qui s’entend aussi, c’est le soin smooth que le batteur a mis à construire l’architecture de son disque. Fidèle de la team Gregory Porter, collab’ de De La Soul, Roy Hargrove ou encore de l’Hypnotic Brass Ensemble, Emanuel Harrold connait son héritage. Les grandes heures du jazz, de la Soul et du soft rap irrigue ce disque, sans rougir, sans se couvrir. Sous ses dehors smooth et good lookin’, We Da People est un disque de veille. De pensée en action, c’est américain, et de groove calé entre la défensive et l’amour fou. Donc recommandable, forcément.

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Guillaume Malvoisin
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