Putsch des chebs à Oran. La compile de Born Bad Records sort l’artillerie de la vague raï des années 80. Raï pop, raï’n’roll, electro raï, le genre se conjugue avec tout ce qui pèse au présent d’alors. C’est du lancinant stimulant pour veiller dans les nuits urbaines de la côte algérienne. À moi la liberté, le premier tube de Cheb Hindi sonne comme un manifeste en plusieurs strophes outrageusement flegmatiques. Le deuxième titre envoie des sons plus perçants. Houari Benchenet pousse un cri du cœur plus nuancé, entre déclamation et lamentation. Le créateur du “rai love”, popularisé plus tard par le regretté Cheb Hasni, redessine la carte du tendre. Plus rond, plus seventies le Khalouni de Chab Mohamed Sghir. La voix se perd dans un tourbillon psyché invasif. Chaba Fadila suit le pas avec un démarrage pop tout en clap. Ki Kount c’est bien du raï, un raï qui se dévoile timidement en fond. Puis la voix pose définitivement la marque oranaise sur une basse eighties, indus et futuriste. Cri d’amour d’un cheb à sa gow sur Djehiba de Cheb Tahar, des vieilles sonorités plus tradis sur Mouhal Nahna de Cheb Djalal. Cheb Kader balance du skank sur Reggae Raï, un son suave et langoureusement soul saupoudré d’un saxophone racoleur. Toujours pressé, toujours en tension, des vagues aériennes, du brut, de l’echo et de l’entêtant, cette archive de l’âge d’or des K7 file la mélancolie joyeuse. 

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Aurélien Moulinet
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Born Bad Records : Bandcamp