Crying Out Loud, le cri tranquille
The Bridge 2.1

Tribu festival, Dijon, samedi 02 octobre 2021, La Vapeur

Crying Out Loud

D’abord, une entrée dispersée. La scène est en désordre, partagée horizontalement entre les hommes et les percussions. La procession est religieuse : les corps et les outils s’éparpillent, de part et d’autre, les frontières se brouillent entre musiciens et publics. La première pièce défile, transite subtilement entre plusieurs rythmes sans que les spectateurs s’en aperçoivent. Comme des vagues, les dialogues basse-batt’, les échanges entre les soufflants, se forment et se brisent. Du free au shuffle, les grooves mutent. Même chose entre la flûte et le sax : de petites phrases courtes et incisives qui se répètent. Le piano vrombit et forge l’essentiel de la masse sonore. Dernier son : un lancinant « When you say goodbye » de l’accordéoniste qui s’auto-charcute, dans une atmosphère plus solennelle. Pour ce qui devait être un râle sonore des plus bruyants, c’est plutôt calme, mesuré. Dosé serait le bon terme. C’est peut être ça (aussi) le free jazz : une concaténation, sans soubresauts, de paysages sonores multiples et uniques.

First, a scattered entrance. The stage is in disorder, divided horizontally between the men and the percussion. The procession is religious: bodies and tools are scattered, on both sides, the borders are blurred between musicians and audience. The first piece scrolls, transiting subtly between several rhythms without the spectators noticing. Like waves, the bass-drum dialogues, the exchanges between the blowers, are formed and broken. From free to shuffle, the grooves mutate. Same thing between the flute and the sax: short and incisive phrases that repeat themselves. The piano whirrs and forges the essential of the sound mass. Last sound: a haunting “When you say goodbye” from the accordionist that is self-sharpening, in a more solemn atmosphere. For what was supposed to be a very loud rattle, it is rather calm, measured. Dosed would be the right word. Maybe that’s (also) what free jazz is: a concatenation, without jolts, of multiple and unique soundscapes.

 


Lucas Le Texier
photos ©
Siouzie Albiach / Tribu Festival

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