FR.
À chacun ses fantômes. Ceux de David Bowie dans Merry Christmas Mr. Lawrence ont les traits, taillés à la serpe, du visage de Takeshi Kitano, officier japonais retors et amoureux. Ceux de Nagisa Oshima, qui filme cette idylle, perverse à son habitude, ont la silhouette militaire, donc douloureuse et quasi-silencieuse. Les fantômes de Ryuichi Sakamoto qui met sur bande, un thème clef et signature, prennent la classe des Français musicaux du début du XXe siècle. Debussy en tête. Audible partout sur la première réédition internationale de Coda. La hantant jusqu’à provoquer Sakamoto en duel sur son terrain favori : le piano solo. Miroitement, obsessions majeures, séquences suspendues. La bande son, sortie en même temps que le film, à l’été 1983, puis remis cette année sur un disque à l’élégance impeccable par Wewantsounds, va placer Sakamoto sur le podium mondial. Payant son tribut, en marge de ses inventions parfaites, d’abord au sein de Yellow Magic Orchestra, puis en carrière solitaire, l’imperator des matières mouvantes mène ici une forme d’introspection pudique et violente, parfois, The Seed And The Sower, éthérée souvent, la magnifique montée de Germination, faisant du Steinway posée à l’Onkyo House de Ginza, une plage où s’ébrouent fantômes et autres spectres. Le japon n’a jamais été autant balayé par les mers debussiennes que sur ce disque obsédant. Au point que Coda, aura été le titre d’un documentaire-bilan sur le compositeur filmé par Stephen Nomura Schible. Autre surface hantée, autre histoire d’amours en demi-teinte.
UK.
To each his own. The ghosts of David Bowie in « Merry Christmas Mr. Lawrence » have the sharp features of Takeshi Kitano’s face, a devious Japanese officer in love. Those of Nagisa Oshima, who films this idyll, perverse as usual, have the military silhouette, therefore painful and quasi-silent. Ryuichi Sakamoto’s ghosts, who put a key signature theme on tape, take on the class of early twentieth-century French music. Debussy in the lead. Audible everywhere on the first international reissue of « Coda ». Haunting it to the point of challenging Sakamoto to a duel on his favorite terrain: solo piano. Shimmering, major obsessions, suspended sequences. The soundtrack, released at the same time as the film, in the summer of 1983, and reissued this year on an impeccably elegant disc by Wewantsounds, will place Sakamoto on the world podium. Paying his dues, alongside his perfect inventions, first within the Yellow Magic Orchestra, then in a solo career, the imperator of moving matter here leads a form of modest and violent introspection, sometimes, « The Seed And The Sower », often ethereal, the magnificent rise of « Germination », making the Steinway laid at the Onkyo House in Ginza, a beach where ghosts and other spectres frolic. Japan has never been so swept by Debussian seas as on this haunting record. So much so, in fact, that « Coda » was the title of Stephen Nomura Schible’s documentary on the composer. Another haunted surface, another story of half-hearted love.
Wewantsounds : site web