Line-up
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Shoji Hano — batterie
Eiichi Hayashi — sax alto
Dai Nakamura — contrebasse
Ça commence comme un grondement lointain. Une tension suspendue, qui rampe sous la surface avant de prendre toute la place. Pas de sommation, pas d’intro en douceur : Cloud Surge 云湧 est un disque qui arrive d’un bloc — massif, libre, habité. Un seul morceau, 37 minutes d’impro radicale, enregistrées live au Yokohama Airegin en 2017. Le trio ? Shoji Hano à la batterie, Eiichi Hayashi au sax alto, Dai Nakamura à la contrebasse. Trois noms familiers pour quiconque a traîné ses oreilles du côté du free japonais, mais qui, étrangement, n’avaient encore jamais gravé quoi que ce soit ensemble. Cette fois, c’est fait. Et bien fait. Ce n’est pas du jazz libre pour ambiance feutrée. Ici, chaque geste est à nu. Hano joue en découpant le temps à la machette, Hayashi fend l’air avec un son brut, tranchant, qui s’étrangle, repart, s’élève. Nakamura, lui, tend des lignes de basse comme on tend des câbles sur un pont suspendu. Rien n’est lâché au hasard, même quand ça déborde. C’est du free, oui — mais celui qu’on aime par ici, où on entend aussi cette écoute de l’autre, ce sens de la respiration collective qui empêche toute complaisance. La musique avance, se déploie, enfle comme une houle. Et jamais ne redescend. Cloud Surge, titre parfaitement choisi : une montée atmosphérique, irrésistible. Le disque paraît en digital, mais c’est du côté des éditions physiques que ça se joue : tirage ultra limité, numérotation à la main, xylogravure unique, calligraphie manuscrite. Une musique brute, un objet rare, un instant capturé.