Choubidoubreak: Bernard Estardy.

Géniteur de Choubidouwap, prodige radiophonique parfaitement indissociable des samedis matins réussis, Mr Choubi a les deux pieds ancrés dans une époque où la musique osait des cabrioles sonores insensées. Chaque mois et avec un morceau de bravoure, Pointbreak challenge ce fin connaisseur des réserves mondiales de soundtracks divers, de library-music télévisuelle ou encore d’easy-listening à la française.

par | 18 Fév 2020 | Choubidoubreak

Pélican Dance (version voix)

par Bernard Estardy | Fragments d'une empreinte magnétique (Rares 1966-2006) - Gonzai Records

2 minutes et 55 secondes de leitmotiv simple et évident :
« I wanna know / I wanna make / I wanna dance », scandé à l’unisson d’un clavinet ultra-funky. Nous sommes en 1975, et clairement, les gens veulent aller danser en discothèque. Sur les ondes passent, à l’époque, Afric Simone et son Ramaya ou encore Shirley & Company avec Shame, Shame, Shame. Ici, avec ce Pelican Dance, on a plus à faire à du Martin Circus tapant le bœuf avec Stevie Wonder sur un traditionnel auvergnat. Le tout ambiancé par Screaming jay Hawkins au milieu du laboratoire du Dr Frankenstein. Foutraque. Et ça marche. Efficace comme un jingle radio, comme une sorte de générique disco, à balancer pendant les mariages pour annoncer à Mamie Yvonne et Tonton Bernard qu’on va bientôt faire les zinzins. Les Sardines de Sébastien version 70’s, en somme, quand la pochade était de bon goût. Et jamais vulgaire. La musique peut se prendre à la légère et être de qualité. Il reproduira la même formule, en 1976, dans une version beaucoup plus latine et sunshine, comme un extrait oublié de la B.O. du Magnifique, avec le sublime Le Sifflet du baron.

Bernard Estardy illustré par Mr Choubi

A l’instar d’un Jean-Pierre Massiera à Nice, récemment disparu, Estardy lui aussi profitera de son propre studio, le mythique CBE, pour expérimenter, triturer, innover et saupoudrer le tout d’un groove certain, héritage de ses années comme organiste au sein de l’orchestre de Nino Ferrer à la fin des années 60.

Le WTF à la sauce 1974  / Fernsehballett, intro du Starparade de Rainer Holbe

Sa production musicale, pour la library music française des 70’s, témoigne ainsi d’une richesse folle. Mais Estardy est un professionnel, l’expérimentation pour le loisir, reste confidentielle. Le reste du temps, il l’emploiera à façonner un son, le son, pour les autres. Arrangeur sur mesure. La liste est dingue : Johnny Hallyday, Joe Dassin, Dalida, Claude François, Françoise Hardy, Gérard Manset, Carlos, Cabrel, Sardou, Lee Hazelwood… Près de 15.000 titres. Orfèvre génial et méconnu de la chanson populaire, Bernard Estardy était à la fois le savant fou de la variété française et un expérimentateur hors-norme. Un géant.

La bande à Bernard. Ici, Dalida, Charles Trenet, Jean-Pierre Bourtayre et Claude François. © DR

La bande à Bernard. Ici, Dalida, Charles Trenet, Jean-Pierre Bourtayre et Claude François. © DR


Mr Choubi

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Article et Interview en deux parties sur l’aventure CBE de Bernard Estardy sur Section 26

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