Cecile McLorin Salvant

Espace des arts – Chalon-sur-Saône
mercredi 19 mars 2025

chronique : Lucas Le Texier
photo © Florian Jannot-Caeilleté (@vysor_hero)
19 mars 2025

Jazz vocal et chanson populaire. De cette quasi-image d’Epinal du jazz, celle de la chanteuse accompagnée de son trio, Cécile McLorin Salvant en fredonne son récit. Facile pour elle, double origine haïtienne-française, cultures atlantiques, Miami to Aix-en-Provence. Trop facile peut-être, adoubée par Wynton Marsalis comme voix unique de sa génération – et quelques notes suffisent pour ne pas imaginer un autre destin que celui de la scène pour elle. La voix : le coffre et les graves chauds de Sarah Vaughan, la légèreté des lignes d’une Ella Fitzgerald, les aigus de Blossom Dearie, un peu d’humour, aussi. Voilà, McLorin synthétise 100 ans de musique populaire et se balade sur les grooves de son trio discret. Sobriété du corps, densité de la voix, tout passe fort en peu d’efforts. Les blues féministes de Bessie Smith. Les histoires tragicomiques des opérettes et comédies musicales américaines. Passerelles françaises dans ce répertoire, ces détours par le music-hall d’une Mistinguett qu’on a vue nue, ou les amours impossibles des chansons réalistes de Damia. Avec un pied de chaque côté de l’Atlantique, Cécile McLorin Salvant est chanteuse américaine autant que conteuse française. Narration espiègle, légère et tendre, croisée entre le romantisme de la Chanson et les syncopes de ce fameux rythme américain.