Line-up
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Zé Ibarra : chant, guitare
Lucas Nunes : claviers
Alberto Continentino : basse
Thomas Harres & Daniel Conceição : batterie
Jaques Morelenbaum : cordes
On l’a connu dans Bala Desejo et Dônica, on l’a entendu aux côtés de Milton Nascimento, et jusque-là, Zé Ibarra avait surtout brillé en collectif. AFIM, c’est son deuxième disque solo, et cette fois, il creuse son propre sillon : plus dense, plus nuancé, et surtout plus personnel. Pas d’effet de manche : Infinito em nós démarre doucement, avec des accords qui se dérobent, une basse qui serpente et des nappes qui tremblent. Rien n’est appuyé, mais tout est précis. Ibarra ne cherche pas l’impact immédiat — il laisse les morceaux s’installer doucement, comme des espaces à traverser. Segredo, reprise d’un morceau indie de Sophia Chablau, est un bon exemple de sa manière de s’approprier un matériau sans le lisser. L’original était brut, un peu nerveux ; ici, le morceau devient plus spectral. La voix est mixée très proche, les cordes (encore une fois signées Morelenbaum) enveloppent sans surcharger. On est dans quelque chose d’étrangement doux, mais jamais plat. Dans Transe, il assemble des éléments très codifiés de la MPB – guitare syncopée, chœurs feutrés, batterie légère – mais y introduit des couches sonores qui évoquent une logique plus pop contemporaine : delays, textures filtrées, progression presque cinématographique. Le plus massif, c’est Essa Confusão : cordes, vents, montée progressive, grand final maîtrisé. On pourrait craindre l’excès, mais ça reste tenu. Même dans les morceaux les plus orchestrés, l’album garde cette clarté : chaque son a sa place, aucune surcharge.
Pas de clin d’œil nostalgique, pas de pose « tropicaliste 2.0 » : AFIM tient par l’écriture, les arrangements et le soin apporté au son. Sobre, cohérent, et franchement réussi.