A Day In A Life

Pour la troisième saison d’affilée, PointBreak joue l’entremetteur entre le jazz et les zoomers qui, a priori, s’en contrefoutent pas mal. Alors, on joue le jeu des algorithmes. C’est marrant, tous ces tracks qui émergent des descentes dans SpotiTube, You-Fy et autre AlgoFlash. Ici, Alex da Cunha fait le point sur la bande-son d’une journée type. C’est le premier épisode de cette saison 3 de témoignages-vérité.

par | 23 Oct 2022 | Jazznoob

Jujutsu Kaisen

Je sortais de ma douche avec du Idles à fond les ballons dans les enceintes, et là mon téléphone vibre. Message : « hey mec, tu veux faire un article pour PointBreak ?». Je réponds que le jazz c’est pas ma came, mais on m’explique le concept. 3 secondes de réflexion et j’ai accepté, direction Spotify. J’ai tapé « jazz » et je suis tombé sur une playlist, Jazz Classics, qui a plus de 2.700.000 likes. Attends, quoi ? Wow pourquoi autant de Like pour un genre musical de boomer ? Ok je dois comprendre !

Premier morceau : Conference of The Birds par le Dave Holland Quartet, un morceau de 1972. Ça commence par la contrebasse avec une petite intro vraiment chouette. Sur la ligne de basse s’ajoutent des éléments de percussions, puis une flûte et un saxophone soprano. Et franchement, je me suis laissé transporter dans un voyage poétique. Le genre de morceau parfait pour accompagner le café du matin.
Tiens en parlant de café du matin, et bah rien à voir, je vais vous parler du whisky de 18h, celui d’après une longue journée de taf’. Tu te poses dans ton canap’, et t’écoute Cristo Redentor de Donald Byrd. C’est lent, il y a un sax qui te chuchote des mélodies douces dans l’oreille gauche, un piano qui est en roue libre et qui te fait voyager dans les meilleurs clubs d’Harlem. Oh et puis ces voix qui te disent : « mec, ferme les yeux, tu vas kiffer un peu là », c’est un vrai massage sonore cette musique. Vraiment splendide.

Donald Byrd

— Donald Byrd © DR

Cristo Redentor

par Donald Byrd | A New Perspective (1964)

A Day in the Life

par Wes Montgomery | A Day In the Life (1967)

« Je ferme les yeux, j’écoute, et j’ai l’impression d’être un enquêteur du FBI »

Maintenant, Wes Montgomery avec A Day In the Life, sorti en 1967. Dans l’idée du jazz que je me fais, je m’attends à surtout entendre de la walking bass, un saxophone virtuose et une batterie qui fait tout le temps la même chose. Mais alors là ! Ce morceau de Wes Montgomery, c’est un truc de foufou. Il y a un petit orchestre derrière cette reprise des Beatles, avec des parties de violons qui te hérissent les poils du dos et qui ajoute une esthétique cinématographique trop cool ! Je ferme les yeux, j’écoute, et j’ai l’impression d’être un enquêteur du FBI dans un thriller américain des années 60/70.
Plus tard, je cherchais un morceau parfait pour danser un petit slow avec un date Tinder et frimer en sortant un petit cigare. J’ai trouvé la perle : Everything Happens To Me, version Chet Baker. Musique lente, sensuelle, je dirai même sexy. Chet Baker est ultra chic dans sa manière de chanter, le rythme s’accélère et la trompette entame un solo extra, le truc te fait fermer les yeux et te donne un smile d’enfer, et c’est sans compter le piano qui vient rajouter du bonheur au bonheur. Puis ce retour de Chet au chant qui vient te faire kiffer encore plus ton slow avec ton date. Musique parfaite, ça !
Toujours dans la playlist Jazz Classics, me voilà en quête de la musique parfaite pour amorcer un gros dodo. Et j’ai trouvé ! Autumn Nocturne de Lou Donaldson, sorti de l’album Blue Walk. Un piano qui plaque des accords, une batterie qui chille avec son meilleur pote, le contrebassiste. Le sax de Lou qui te guide tout droit dans les bras de Morphée, avec ses douces mélodies. Soudain, le petit chorus de piano qui te dis : « cool mec, détends-toi », et le combo contrebasse-batterie : «  bah ouais mec, c’est le moment de te mettre au lit et de penser à un rêve fantastique ». Et cette fin, avec le saxophone qui résonne bien avec sa reverb’… je…commmmm…dorm…

Chet Baker

Chet Baker © DR

Oops, excusez moi ! Je reprends l’écriture de cet article après une nuit bien reposante. Au final, toutes les idées reçues que j’avais sur le jazz, c’était : musique de boomer, toujours la même chose, toujours la même formation. Mais j’ai été ultra surpris de voir qu’il existe une multitude de manière de penser le jazz et bon sang ! Qu’est-ce que c’est bon d’entendre ça ! Bon allez, j’arrête d’écrire, j’me tire au taf’, salut les potes.

*écouteurs dans les oreilles*
*Coltrane à fond les ballons*

Merde, j’y pense, maintenant je suis en face d’un problème intersidéral… Si je cale des morceaux de jazz dans ma playlist rock, ça veux dire qu’avec le mélange, ça devient une playlist Fusion ? Fuck !


Alexandre Da Cunha

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