« Flashback du temps où les pianistes étaient les maîtres du son. Flash Pig est un objet hybride, entre la grande époque de l’easy-listening romantique, de l’exotica oriental et du free américain de David Murray. »
à propos de Flash Pig, samedi 8 novembre
d’jazz nevers 2025
— chroniques
samedi 8 novembre
sophie bernado, catherine delaunay,
david chevallier : d’autres sons
flash pig : the mood for love
youn sun nah & bojan z : elles
D’jazz Nevers, 39e édition, première. Thématiques pour ce jour d’ouverture : l’inédit, l’ode à l’amour, et un hommage.
Premier stop avec une nouveauté du festival : le trio D’Autres Sons de Sophie Bernado, Catherine Delaunay et David Chevallier. Clarinettes-guitare-basson bien ancrés sur scène, mais la musique est ailleurs. Les sons sortent d’une incantation, transperçant l’espace avec euphorie et légèreté. C’est fin, c’est joyeux. Catherine Delaunay nous balade de son souffle sur des lignes de crête, comme nos pensées le seraient lors d’un voyage initiatique. Il y a ce paradoxe du mystère accessible dans les graves profonds des clarinettes, une empreinte sonore du passé refaçonnée in situ dans ce trio. De ces invocations naît une polyphonie joyeuse, une dissonance parcimonieuse et collective qui s’entrechevêtrent tendrement. Le trio sonne comme le monde, ses humains et ses enjeux. Parallèle sonore de nos déboires collectifs. Promesses, aussi, d’une résolution dans ce Beau et ces nouveaux chemins sonores pistés par le trio.
Autre piste pour une résolution, l’amour, l’amour, l’amour. Dans une scénographie entre chambre à coucher des amants et ville moderne, le quartet Flash Pig croise le fer avec le légendaire In the Mood for Love de Wong Kar-wai. Flashback du temps où les pianistes étaient les maîtres du son. Le quartet de Flash Pig est un objet hybride, entre la grande époque de l’easy-listening romantique, de l’exotica oriental et du free américain de David Murray. On y croise les ballades totales que jouait de dix doigts un Erroll Garner, les Quizás, quizás, quizás d’un Nat King Cole et les joutes coltraniennes. Flash Pig trace une cartographie du sentiment amoureux d’aujourd’hui, où le romantisme rencontre le désenchanté, le contraste d’un solo de contrebasse enjôleur contre une batterie de poings, du roi piano-charmeur contre le saxophone colemanien.
Hommage encore pour le duo de Youn Sun Nah et Bojan Z. Habituée de Nevers, la troisième venue de la sud-coréenne est consacrée aux grandes voix du jazz et de la pop dans son programme Elles. Brute et sensible, le duo exploite toutes les palettes de la musique populaire, d’un Sometimes I Feel Like a Motherless Child en nu-jazz, à une version électro-gospel du légendaire God’s Gonna Cut You Down. L’art de la reprise est aussi un amour du monde et de ses belles choses.
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textes de Lucas Le Texier
photos © Maxim François
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