« Je me souviens d’un gars qui m’avait fait tout un exposé sur le pourquoi il n’avait pas aimé ce morceau. J’étais forcément un peu déçu, mais j’ai trouvé ça hyper attentionné de sa part. »
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PaRo
interview popopop
interview popopop
— paro
en partenariat avec CHKT events pour la soirée Selected By
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Questions échevelées pour réponses spontanées. On apprend à connaître un groupe par des voies détournées, par la culture pop et les voiles de pudeur. Sérieux ou pas, à vous de jauger. Avant la soirée CHKT x PBK du 18 octobre, voici la Popopop de PaRo, DJ porté sur la techno minimale comme le maximal groove. Cinq heures du mat’, Stereolab et petit sourire house.
Ta musique, c’est un son qui pense ou alors une idée qui danse ?
Ce serait plus un son qui danse. Il y a toujours une recherche d’esthétique, de groove surtout, de choses qui déjà, me donnent avant tout envie de danser. Ensuite seulement je pourrais me dire que c’est une idée qui danse.
Plutôt boiler room ou on stage ?
Boiler room, j’aime bien l’énergie dégagée quand on mixe au milieu du public. C’est assez juste d’être au même niveau.
Ton modèle musical absolu ?
Spontanément, je dirais Clark.
Dans tout autre domaine ?
Je vais te reparler de musique, et je dirais Aphex Twin, ce genre de mec qui fabrique des choses liées à son art en allant toujours explorer un peu plus loin que ce qu’on peut lui vendre dans le commerce.
Le tout premier son entendu aujourd’hui ?
Le Coeur et la force de Stereolab. En ce moment, je n’écoute presque que ça.
Ton premier vrai disque que tu as acheté chez un disquaire ?
Oh… Je me suis mis vachement tard, moi, à l’achat de choses matérielles, comme les disque set les vinyles. Disons que je vais prendre un des premiers disques que j’ai pioché dans la CDthèque de mon père. C’était un live de Radiohead, avec une pochette en carton, un vieux truc, je ne me souviens du titre. Après, le premier CD que j’ai acheté ça va remonter à quelques années, c’est Simian Mobile Disco, Attack Decay Sustain Release.
Le plus gros malentendu de l’histoire de la musique ?
La Star Ac, ou l’industrie musicale, tout simplement.
Comment tu définirais ton style en électro ?
C’est souvent instrumental, j’aime beaucoup cela. Ensuite, j’ai beaucoup navigué dans la micro-house, et il y avait beaucoup de bruits concrets, de bruits réels, et ça, ça me va.
Tu arrives à t’y retrouver, toi, dans tous les styles en électro ?
Non, non, non, j’ai arrêté de mettre des étiquettes. Il faut que j’écoute et que ça me parle. Après, je ne m’interdis rien, absolument rien, aucun style, aucune étiquette, mais j’essaie de ne pas prêter trop attention à ça, parce que c’est pas comme ça que je range les choses.
Bon, je te pose quand même la question, ça serait quoi en vrai la House ?
La House, en vrai, dans la vraie vie ? Un truc à base de soleil… Pour moi, il y a cette notion de groove qui est ultra importante, dans tous les styles mais encore plus dans celui-là. Ce truc qui fait danser. En vrai, c’est une question dont on pourrait débattre pendant des heures. Là, je ne pourrais en dire que cela : un état d’esprit, une idée dansante, quelque chose d’assez agréable, qui donne un petit sourire.
Le meilleur dress code que tu aies pu apercevoir en fosse ? Un intégral boule à facettes, d’une splendeur incroyable.
La meilleure des places pour te voir mixer ?
Tu traces un triangle avec les enceintes et tu te mets au bout de ce triangle, dans le son.
Le remix que tu adorerais qu’un label te commande ?
Un remix de LCD Sound System me dirait vraiment bien. J’aime beaucoup l’énergie déployée… Un remix de Get Innocuous!.
Un DJ, c’est vraiment un musicien ?
Je ne le suis pas de nature, je n’ai jamais vraiment appris le solfège. Je bidouille deux, trois trucs, donc pas forcément, non.
C’est pas un peu tard pour remarquer que les filles ne sont pas destinées à être backstage ou uniquement dans la fosse à danser mais qu’elles peuvent elles aussi casser la baraque derrière les platines ?
Très bonne question. Dans un sens, ce n’est pas trop tard, car ce n’est jamais trop tard, mais enfin, il était vraiment temps.
Tu réfléchis à ton set plutôt avant ou pendant ?
Un peu des deux. Je rassemble des morceaux avec l’énergie que j’ai envie d’amener et je me laisse le choix de prendre divers chemins pendant le set. J’aime bien avoir pas mal de chemins possibles.
Ça peut s’improviser l’électro ?
Quand même, t’as des choses à faire passer, mais, c’est donnant-donnant, il faut que le public réagisse à ce que tu fais passer, ça marche comme ça.
Sans doute pour faire un peu le malin, Gilles Peterson déclarait qu’un bon DJ devait savoir vider le dancefloor. Tu es d’accord ?
Je comprends ce qu’il veut dire dans le sens où on n’est pas obligé de servir ce que tout le monde veut entendre. Quand je vais écouter un DJ, j’aime bien qu’il me passe des sons à découvrir. Et parfois, en faisant cela, tu peux être amené à ne pas plaire à tout le monde. Mais, s’il y a au moins une personne qui se dit : « Ah, mais ce petit son-là, ok, il n’est peut-être pas à propos, mais il me titille. » J’ai déjà vu des fosses se vider, alors que j’étais resté dans un coin, à écouter et découvrir.
À quoi on pense quand on est tout seul derrière ces platines ?
Aux sons d’après.
Qu’est-ce que tu écoutes quand tu rentres chez toi après un set ?
Pas grand-chose à vrai dire. J’ai besoin d’un sas, pas de silence mais d’autres choses.
Une définition du vrai silence ?
Le rien, le néant. Un vrai beau silence pour tenter de réfléchir ou de causer un peu.
Un titre pour un morceau que tu n’as pas encore composé ?
(Il explose de rire) J’ai horreur de ça. C’est vraiment la partie la plus compliquée pour moi, quand je fais un morceau. Alors, en général, je lève la tête et je tombe sur le premier truc qui me vient. Donc là, j’ai envie de te dire (il regarde autour de lui) Les Silos.
Un disque ou un morceaux que tu attends le plus au monde ?
L’album de Clark.
Ton meilleur souvenir de scène ?
Quand on faisait les soirées Nobody Crew, à Lyon, dans le théâtre où je bossais qui s’appelait Le Croiseur. On faisait tout, on organisait, on mixait, on faisait le ménage. Cinq du mat’ et tout le monde est encore là. C’est le moment où le collectif se réunit un peu derrière les platines. C’était les débuts, c’était de beaux moments, très cool.
Ton pire souvenir de catering ?
C’était il n’y a pas si longtemps : une espèce de tambouille un peu tiède à base de riz au fond d’une casserole, aggloméré sans trop savoir avec quoi
La plus jolie chose que tu aies pu entendre backstage ?
Qu’on me dise qu’on n’ait pas aimé un des morceaux que j’ai passé. Je me souviens d’un gars qui m’avait fait tout un exposé sur le pourquoi il n’avait pas aimé ce morceau. J’étais forcément un peu déçu, mais j’ai trouvé ça hyper attentionné de sa part, de venir me voir pour le dire, j’ai trouvé ça assez constructif.
Tu y as repensé en le rejouant plus tard ?
Oui, oui. Peut-être qu’il avait raison.
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propos recueillis par guillaume malvoisin, octobre 2025
photo © DR