TVOD & France Travail

les reviews de pointbreak

TVOD &
France Travail

mardi 10 juin 2025,
La Vapeur, Dijon

par | 11 Juin 2025 | articles, concerts

Dans le Club de La Vapeur, France Travail renverse la donne. Pas de scène, pas de surplomb : les deux musiciens sont installés au milieu de la fosse. Le public s’est massé autour, formant un cercle serré. Ambiance tribale, clairement. Au centre : l’un, front barré d’une petite lampe torche, plongé dans ses modulaires et boîtes à rythmes, concentré comme un horloger fou. À côté, son complice est en mouvement constant : danse ample, cheveux en suspension, il envoie une énergie contagieuse. Peu à peu, la salle suit. Les regards circulent, les corps aussi. Pas de morceaux découpés, pas de respirations trop marquées. Ici, un fil rouge sonore tendu de bout en bout : une progression continue, fluide, où post-techno, krautrock digital et grooves mutants se métamorphosent sans relâche. Par moments, une polyrythmie boiteuse déclenche l’étincelle collective, ailleurs une nappe grinçante installe un climat de transe sourde. Le set joue avec les nerfs et les corps : hypnose, déséquilibre contrôlé, montées imprévues. La proximité renforce l’effet : on sent la matière sonore vivre, réagir. On se défait lentement du cercle, un bout de rythme encore logé dans le crâne. La salle respire, déjà prête pour la suite.

FR
Netflix and Kill. Pas trop trop chill, les TVOD. Soit TV Overdose, en français décodé. Une overdose régurgitée, haut la main, par six petites gueules en mal d’amour. Attachantes, débraillées et versées toutes entières dans une énergie commune foutrement transmissible. « Messsi bôcuu, we’re from brookleyn, nou yôrk », accent prolo pour Tyler Wright et agitation de sales gosses garés en arts plastiques pour ses comparses de chaos. Ça raconte le spleen nocturne, la vie moderne et ça envoie du proto-punk à tout rompre. Le sextet de Brooklyn nous refait le coup du son qui pense, du vacarme en cadence. Canon. Brûlant. Grinçant. What Time is It ? « Nation Time », hurlait le free jazzman Joe McPhee en son temps. « Party Time », beuglent aujourd’hui les TVOD avec leur punk intelligent. Oh Dear, c’est un tel furieux bazar au States qu’on prend avec plaisir la Party, la Nation attendra encore un peu. Party Time, c’est aussi le titre du dernier LP, sorti le mois dernier. La scène en prolonge le bonheur et les échos monstrueux, les influences diverses et mêlées jusqu’à ne plus pouvoir être reconnues. Écriture classe à la Deerhunter, défonce shoegaze, morgue grunge, imitations scéniques à la Andy Kaufman, structures à la Pixies. Heavy then loud. Longue ligne de basse imparables et lyrisme émouvants posé sur des riffs d’un tranchant à faire pâlir le meilleur boucher de Rungis. Trop occupé à mater Netflix.

US
Netflix and Kill. Not so cool, TVOD. Or TV Overdose, to put it bluntly. An overdose regurgitated, without a doubt, by six little mouths hungry for love. Endearing, scruffy, and completely immersed in an incredibly contagious shared energy. “Messsi bôcuu, we’re from Brooklyn, New York,” says Tyler Wright with a working-class accent, while his chaotic companions behave like spoiled children in art class. It recounts nocturnal melancholy and modern life, and lets loose with proto-punk. The Brooklyn sextet strikes again with a thoughtful sound and rhythmic noise. Brilliant. Burning. Grating. What time is it? “Nation Time,” free jazzman Joe McPhee once shouted. “Party Time,” TVOD roars today with its intelligent punk. Oh dear, it’s such chaos in the United States that we’re happy to take the party, the nation will have to wait a little longer. Party Time is also the title of their latest album, released last month. The live session enhances the joy and monstrous echoes, the diverse influences blend together until they become unrecognizable. Classy writing à la Deerhunter, shoegaze jams, grunge arrogance, Andy Kaufman-style stage imitations, Pixies-style structures. Heavy then loud. Unstoppable bass lines and moving lyrics laid over riffs so sharp they would astonish the best butcher in Rungis market. Probably too busy watching Netflix.


Selma Namata
guillaume malvoisin
photos © Chantal Masson (Instagram) + PBK, DR

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