Bonbon Flamme,

le disque de la semaine du 13.01

Calaveras Y
Boom Boom Chupitos

bonbon
flamme

sortie le 31 janvier 2025
chez BMC Records

par | 16 Jan 2025 | disques

FR.
Février 2023, Valentin Ceccaldi cisallait son violoncelle et donnait l’avant-goût de son Bonbon Flamme. Quartet qui nous allumait durablement la même année au festival Météo. Jazz cramé, impro malade voire salsa en dérapage, la recette est gardée secrète. On ne saura jamais si ce Calaveras Y Boom Boom Chupitos a d’autres points en commun avec le Chitlins And Cuchifritos de Joe Thomas, que sa cuisine à l’huile de napalm. C’est bien ainsi. Le plaisir d’avaler est intact. Musique animale et généreuse, rageuse et intriguante, forcenée et tapageuse. Mettez-y le doigt, vous y perdrez l’avant-bras. Étienne Ziemniak, Luis Lopes et Fulco Ottervanger jouent comme un seul homme les trois autres membres de ce quartet à surprises. Very kind. Et très sensible, aussi. C’est même la réussite de ce deuxième disque, la descente dans une forme d’autoportrait sonore, de pédigrée perso, d’intimité tortueuse sans être compassionnelle, lucide en restant pudique. Par exemple, les arpèges légers de Snowing Pirogue savent ce qu’ils doivent à un Texier, à la propre ardeur onirique de Ceccaldi ou à toute la poésie que l’accumulation de voyages peut articuler. Au casque, ce disque donne des envies de tangente et de diagonales. L’univers qui s’y déploie s’affiche compact, hétérogène et minutieux. Les pizz cinématiques, scolaires et synthétiques de Una Nube Sobre Ruedas redéfinissent les chants d’une autre réalité. Car Calaveras Y Boom Boom Chupitos sait rêver, et ça s’entend : songes mathématiques (Noline), chimères incandescentes et drôlatiques (The Ragtime Dance). Au cœur de cette petite entreprise de déconstruction, Bonbon Flamme se la joue Buster Keaton, regardant toujours au-delà du cadre pour vous voir sourire en coin de cette sensibilité mise à nue. Pour créer des vertiges, pour dépasser les bornes et les limites de l’enveloppe sonore. Mélodie, tempo, harmonie et tutti frutti. Tout est ultra maîtrisé, ultra écrit. Et de cette maîtrise, éclate une forme de violence salvatrice et joyeuse. Pas loin de celle qui vous laissait, dans les années 80, les joues endolories, la gorge brûlante et les dents déchaussées après avoir souffert à suçoter des boules magiques, en cours de Français.

UK.
February 2023, Valentin Ceccaldi chiselled his cello and gave a foretaste of his Bonbon Flamme. A quartet that set us alight the same year at the Météo festival. Burnt-out jazz, sick improvisations and skiddy salsa, the recipe is kept secret. We’ll never know if this ‘Calaveras Y Boom Boom Chupitos’ has anything in common with Joe Thomas’s ‘Chitlins And Cuchifritos’, other than its napalm-oil cooking. That’s just as well. The pleasure of swallowing is intact. Music that’s animal and generous, raging and intriguing, furious and boisterous. Put your finger in it, you’ll lose your entire arm. Étienne Ziemniak, Luis Lopes and Fulco Ottervanger play the other three members of this surprise quartet as one. Very kind. And very sensitive, too. In fact, that’s what makes this second album such a success: the descent into a form of sonic self-portrait, of personal pedigree, of tortuous intimacy without being compassionate, lucid while remaining modest. For example, the light arpeggios of Snowing Pirogue know what they owe to Texier, to Ceccaldi’s own dreamlike ardor, or to all the poetry that the accumulation of travels can articulate. On headphones, this record makes you want to go off on tangents and diagonals. The universe that unfolds is compact, heterogeneous and meticulous. The cinematic, scholastic and synthetic pizzicatis of ‘Una Nube Sobre Ruedas’ redefine the songs of another reality. Because ‘Calaveras Y Boom Boom Chupitos’ knows how to dream, and you can hear it: mathematical dreams (‘Noline’), incandescent and funny chimeras (‘The Ragtime Dance’). At the heart of this little enterprise of deconstruction, Bonbon Flamme plays Buster Keaton, always looking beyond the frame to see you smiling at this bare sensibility.vTo create vertigo, to go beyond the boundaries and limits of the sound envelope.vMelody, tempo, harmony and tutti frutti.Everything is ultra-mastered, ultra-written.And out of this mastery bursts a form of salvific, joyous violence.vNot unlike that which, in the ’80s, left you with sore cheeks, a burning throat and loosened teeth after sucking on magic balls at recess.


guillaume malvoisin

BMC Records : site web

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