Ventre Unique

le disque de la semaine du 13.12

ok crooner

vincent teager et le jazz kamasutra

sortie le 6 décembre 2024
chez Born Bad Records

par | 12 Déc 2024 | disques

FR.
À presque 50 ans, tout est encore possible. Vincent Taeger en fournit une preuve vivante. Du haut d’un pedigrée incroyablement fourni en expériences musicales, celui qu’on connaît par ailleurs sous le pseudo de Tiger Tigre n’en est pourtant qu’au début de l’exploration de sa vie. Après avoir été multi-instrumentiste, producteur et arrangeur, monsieur Taeger est désormais chanteur. OK CROONER ouvre la voix à un nouveau virage. Pris à bonne vitaesse avec ses compagnons de presque toujours, tous apparus ici ou là dans les soubresaults du jazz pop actuel (le Supersonic de Thomas de Pourquery, la Tigre d’eau douce de Laurent Bardaine  ou encore le Sacre du Tympan de Fred Pallem) : Mathias Allamane (contrebasse), Ludovic Bruni (basse), Rémi Sciuto (saxophone, flûte), Frédéric Soulard (synthés), Arnaud Roulin (piano). Avec ces zozos, il forme Vincent Taeger et le Jazz Kamasutra. Le jazz, Teager connait plutôt pas mal. Le tigre a donc de la bouteille, mais comme son intro de Prologue amateur le rappelle, il cherche encore et toujours le bon tempo, le bon niveau, explore son égo. Au son de l’amour, sensuel pour ce bon vieux jazz. Charnel et humain, pour Maude Chabanis, compagne de Teager,  chargée des chœurs éthérés et du chant sur Amoureuse. Avec le kamasutra, le jazz et Taeger passent à la vitesse supérieur. Leur association parodico-passionnée s’affirme dès Sax Addict. Le jazz se déploie avec la volupté sirupeuse d’un saxophone ponctuant le refrain « Elle aime le jazz et moi ça me file le blues ». Son à la English Man in New-York, ou à la Joe le Taxi, revival actuel oblige. Le soft-rock tenu par la batterie, premier instrument de Taeger, y est pour quelque chose. Quelques titres plus loin, Igor Stravesty. Travesti, le saxophone, l’est déjà. Soutenu par une écriture instrumentale aussi virtuose que le texte. Petit bonheur, la foutue  boîte de jazz devient boîte de nuit jazz-expé. Vincent Taeger et le Jazz Kamasutra jouent comme Philippe Katerine lui-même travestissait génialement ses 52 Reprises Dans l’Espace avec Francis et ses peintres. C’est ensuite à Beethoven de se la jouer transformiste quand sa Cinquième Symphonie prend un nouvel élan, complètement électro-planant, dans 5th. Entre Taeger et le jazz, la fusion n’a donc pas d’âge, subtil alliage d’expérience et de renouvellement. On entend ça dans le bonus track ultime, Phoenix, instrumental. Peut-être pour laisser le mot de la fin à la voix du crooner qui bouge en nous. Ok, Boomer.


Selma Namata

Born Bad Records : bandcamp

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