les disques du mois
OK podium
nov. 24
par la rédaction de PointBreak feat. Première Pluie
— sélecta de Pierre-Olivier Bobo, Arthur Guillaumot, Selma Namata, Lucas Le Texier et guillaume malvoisin
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Kendrick lamar — GNX
— PGLang / Interscope Records
Est-il vraiment nécessaire d’écrire quelque chose de plus sur ce nouveau disque ? Que peut-on ajouter qui n’aurait pas déjà été écrit dans un magazine en ligne ou raconté dans un podcast ? Internet a déjà disséqué les références éparpillées dans le clip de squabble up, les mèmes ont inondé TikTok depuis bien longtemps et Michel Barnier est toujours Premier ministre. Alors, ré-écoutons simplement encore une fois – et très fort – le morceau d’ouverture, wacced out murals, ses basses monumentales et sa chanteuse mexicaine Deyra Barrera qu’on a vu poser tout sourire avec Kendrick Lamar portant un maillot du Bayern Munich.
— pob
Bribes 4 — The Sky Is Crying
— Coax Records
Incendie et intranquillité, calme à la puissance d’airain, Bribes 4 est un groupe-paradoxe. Comme dans cette entame du standard des standards suicidaires, Gloomy Sunday : « Sombre dimanche, les bras tous chargés de fleurs ». Mortel, non ? Au-delà du choix parfait d’un chant en français distancié, il y a ce petit génie tranquille de ne pas se laisser happés par les interprétations que d’aucuns qualifieraient d’indépassables. Ce disque devient ainsi une ré-imagination personnelle d’un matériau d’Histoire commune. Soit l’alpha, l’oméga et le bêta, au sens grec du mot, du blues féminins et féministes.
— gm
Arnaud Dolmen, Leonardo Montana — Joy Rider
— Quai Son Records/Samana Production
En voilà deux qui s’entendent toujours aussi bien. Arnaud Dolmen et Leonardo Montana, aka LéNoDuo, grimpent au sommet avec ce Joy Rider. Compo de Wayne Shorter pour seul horizon de ce single, le batteur et le pianiste voltigent, habiles, dans la sinuosité harmonique du maître, avant de jouer des breaks incendiaires et autres improvisations fonceuses dans la version live. Deux alpinistes autour d’un même volcan, face à la puissance de la lave en fusion.
— llt
Jerron Paxton — Things Done Changed
— Smithsonian Folkways Recordings
Jerron Paxton est un héritier. Du blues, joué il y un siècle par les Blind Boys, guitaristes aveugles du Piedmont Blues. Guitariste en fingerpicking, banjoïste, harmoniciste, chanteur façon old time music, endossé par le légendaire label Smithsonian Folkways, Paxton en impose. Et dépose ici ce Things Done Changed, voyage en vieille americana bordée de ballades country, de pièces folk et de blues virtuoses. Une petite capsule temporelle, fidèle à l’époque de la belle et fière syncope.
— llt
Bryan’s magic — Smoke and Mirror
— Born Bad Records
Si Smoke and Mirrors, était diffusé à la Galerie des Glaces, on y verrait rien. Fidèle à sa fabrique hydrique, l’opus hybride enfumerait la surface des miroirs de son rock, psyché, électro, pop. À l’image de son label Born Bad Records : à bas les codes classiques ! Certes, l’album empêche sans doute les plus narcissiques de voir leur double dans le miroir. Mais Benjamin Dupont, tête pensante de ces miroirs fumés, permet au moins à tous les Dupond de trouver leur moitié musicale.
— sn
Sofie Royer — Young-girl forever
— Stones Throw Records
Ce mois-ci, impossible de ne pas succomber au charme naïf de Young-Girl Forever, le troisième disque de Sofie Royer. De la pop de princesse internationale, qui chante sur le même disque en anglais, en allemand, en français. Facile, pour l’irano-américano-autrichienne, mais surtout violoniste qui s’était fait connaître comme DJ. Elle a la politesse de rendre ses peines de cœur et ses déambulations (im)pudiques très entraînantes. Schopenhauer en crise d’ado, en dessous-chics et pour toujours.
— ag / Première Pluie
Maghreb K7 club — Disco singles vol.3
— Les Disques Bongo Joe
Troisième volet du Maghreb K7 Club. Centième écoute de ces titres chez PointBreak depuis sa sortie, il y a un mois. Quatre titres. Trois artistes. Khaled Barkat en mode pop-boogie-funk. Cheb Tati en mode raï sur une derbouka magico-electrifiée. Plus le groupe Kabyle Asif, pop-boogie lui aussi, pour clore ce bel opus. Quatre manières infinies d’en imposer à la musique algérienne des années 80, en somme.
— sn
Various — Tokyo Riddim Vol. 2 1979-1986
— Time Capsule
Le volume 1 était déjà une petite merveille. Se tournant cette fois vers la jamaïque nippone, Tokyo Riddim Vol. 2 1979-1986 ne fait qu’ajouter de l’or sur un premier trésor. Non, le reggae japonais n’est pas une blague. C’est un style à part entière et ça rappelle même le meilleur de Grace Jones. Les interprétations des différents artistes sont solaires, rythmées, inspirantes aussi. Faites de sagesse et d’excès. Comme si les codes de politesse des uns avaient vrillé à l’odeur du pétard des autres. Comme si les karaokés nocturnes des premiers s’étaient exportés en plein festival rastafari des seconds.
— sn
Stephan Oliva, Sébastien Boisseau
— Hubble Dreams
— Vision Fugitive
Ce qui est passionnant ici, c’est que ce track ultime n’est ni une résolution, ni un aboutissement, encore moins une conclusion. Juste un fragment, en apesanteur, supplémentaire aux quatorze précédents constituant ce disque épars, volatile et laconique. Dead Man / Dispersion, dans son mouvement d’impact et de diffraction résume l’ensemble de ce rêve sous oculaire de Hubble Dreams. On joue avec les échelle, on retient une dynamique puis on la libère pour qu’elle s’éclipse et se disperse. Ici, on flotte dans un monde ouvert, spatialisé pour être quadrillé, pour être envahi sans prudence, à l’écoute.
— gm
Orcheste Tout Puissant Marcel Duchamp
Ventre Unique — Les Disques Bongo Joe
Ce sixième disque de l’OTPMD tente de rallier dans une panse commune les âmes égarées de cette fidèle bande de musicien·nes et chanteur·se·s internationaux. Une diversité de courants issus de la mixture de grands ensembles minimalistes, contemporains, européens et africains. En nappant d’une fraicheur déguisée la noirceur d’un monde en déclin, l’album permet une expérimentation créative et philosophique de la mise en commun. Seule manière, peut-être, d’aborder la question de la pérennité de demain.
— sn
Chantal Curtis — Get Another Love
— Strut records
Rien de mieux qu’un bon vieux disco de 1979 pour réchauffer la tristesse de novembre. À bord d’un taxi, même sous la neige, on arriver à l’heure à ses rendez-vous, pepsy comme jamais. C’est ce que garantit la chanteuse franco-tunisienne Chantal Curtis avec le titre Hey Taxi Driver. Rassemblant des musiciens du groupe US Lafayette Afro Rock Band au guadeloupéen Jacob Desvarieux ou encore au franco-malgache Sylvain Luc, cette escapade, du temps bénit du label Trema, rappelle aussi, toujours et encore, que les USA et l’hexagone sont des terres de plaisirs culturels multiples.
— sn
Sababa 5 & Inbal Nur Dekkel
— Bitter Moon — Batov Records
La deuxième collaboration du groupe Sababa 5 avec la chanteuse israélienne, Inbal Nur Dekel, emmène leur nouveau single hors sol. Bitter Moon, raconte son histoire d’amour qui ne se produit plus trop sur Terre. Celle où le chant hébreu influencé par les sonorités de Grèce et de Moyen-Orient rencontre le funk-disco moyen-oriental des instruments. Sur la lune, même amère, on peut au moins aspirer avec eux à l’envie d’espérance et de réconciliation.
— sn
Cem Karaca — Bekle Beni
— Turkishvinyl
Pas un mois sans turqueries, c’est un peu la règle ici. Aujourd’hui l’heureux élu est Cem Karaca, dont l’album replonge l’auditeur dans l’an 1982 comme dans un martini-soda-bitter. Le chanteur a fui en Allemagne depuis trois ans, menacé de prison par un gouvernement jugeant ses chansons trop « communistes ». En plus de titres ultra funky et kitschy, assez proches d’un Baris Manço par exemple, on savoure d’autant plus ces petits trésors militants envoyés d’Allemagne comme de parfaits doigts d’honneur musicaux.
— sn
Baptiste W. Hamon — Country
— Manassas/Modulor
Quatrième balle sortie du colt de Baptiste W. Hamon. Country impose le chanteur-guitariste comme un fin tireur du genre éponyme en France. Et en français de surcroît, particularité peu commune. Hamon se balade, dans ses vies rêvées de cow-boy made in USA (Fièvre Honky Tonk). Un peu cheap, un peu parodique, il raconte combien il l’aime (Oh que j’aime la musique country). Avec ses armes : steel guitar, voix traînarde-mélancolique et piano boogie,de fin de western.
— llt