Tribu 2024

les reviews de pointbreak

Tribu 2024

zutique productions

mardi 24 septembre
au dimanche 29 septembre 2024,
Dijon metropole

par | 4 Oct 2024 | articles, concerts

TRIBU JOUR 1
Fatoumata Diawara et l’ODB


TRIBU JOUR 2
Twende Pamoja
GrimR

TRIBU JOUR 3
Trivia
Perrate & Paco de Amparo
Komos Shuffle Party

TRIBU JOUR 4
Alostmen
Guembri Superstar
feat. Lova Lova
K.O.G.

TRIBU JOUR 5
M Sayyid
The Bridge 2.4
Sami Galbi
Adana

TRIBU JOUR 2
Damon Locks & Fanny Lasfargues
Eric Chenaux trio

Fatoumata Diawara et l’Orchestre Dijon Bourgogne

— mardi 24 septembre, auditorium
 avec l’Opéra de Dijon

À peine l’orchestre entré, déjà, les voix. Hors-champ comme échappées des manuscrits placés au cœur du sujet de la création de Maliba (2022), disque hommage aux combats du peuple malien pour sauver, courant 2012, des écrits millénaires et éclairés. Maintenant, c’est l’ouverture du 25e Tribu festival, c’est l’Opéra de Dijon. Acclamations, entrée de la diva, coiffée de haut, costumée de beau. Guitare à la main, peur de rien. Au programme, reprise du disque et de quelques autres morceaux de choix. Ce qu’il faut d’air dans la voix, dans le chant de Kalan, pour souffler le chaud entre les silhouettes encore immobiles des musicien·nes de l’OdB. L’occident attend son heure, plein d’un humble respect. Le groove afro a le pied ferme. Deuxième morceau, pièce maîtresse. C’est Maliba et l’échange est déjà à l’œuvre. Toujours complexe sur le papier. Orchestre européen face à un groupe pop transfrontalier comme celui réuni par Fatoumata Diawara. Cinq nationalités s’y serrent les coudes au service de la griotte en majesté.

Cerise sur le gâteau, tout y est joué en retenu, avec une délicatesse affirmée. Pas simple dès lors de poser un demi-symphonique dans les interstices si nécessaires à l’impro comme à l’afro. Mais les graves en soutien bourdonnant des descente de gamme, mais la harpe qui la joue cousine kora, mais les planisphère de cordes et le tempo cuivré renforcé. Marrant de voir un orchestre classique d’emparer des cues d’un groupe pop, marrant de voir la souplesse afro titiller la métrique classique. Et One Day de sonner plus imposant, plus pesant et plus prompt à vous embarquer dans son ascension imparable d’où les solo de guitare de Fatoumata, dans la pur tradition de la guitare malienne, fluide et acide, ne sortent jamais engourdis.

Déférent l’orchestre. Respectueux et au plus juste du partage en cours. Accompagne sans faire d’ombre. De la percutante diatribe contre l’excision, du « No fear, no fear, that’s The Future » scandé en milieu de set jusqu’aux corps debout, clopin-clappants pour finir la fête, les bras ouverts, les têtes perdues dans Sowa puis Anisou, cérémonial final et explosif, in extenso. L’OdB n’aura jamais cherché à reproduire, encore moins à s’approprier mais à libérer un imaginaire autre, pour décentré cette reprise de Maliba, le disque. Joliment, par exemple, avec ce petit tapis tout à fait scandinave en ouverture de Save It. Sibelius au Mali. Mieux, bien mieux que Tintin au Congo.
— Guillaume malvoisin

 

Tribu 2024, jour 2

— mercredi 25 septembre, Consortium Museum

Twende Pamoja
On se souvenait d’Aunty Rayzor, de la boiler room et du feu de son passage au Tribu 2023, c’est dit. Alors on était chaud pour les retrouvailles. Twende Pamoja, c’est trois artistes nourris des milieux alternatifs : Théo Ceccaldi, du jazz turbulent parisien, plus Kadilida, de l’underground de Dar es Salam, feu capitale de la Tanzanie, plus Rayzor de l’underground nigérian. Street Cred ? Check. Aux enceintes, grosses basses, ça, c’est la base. En front de scène, Aunty Razor et Kadilida se partagent le flow, chacune dans leur rayon. Équipe nigérienne, voix puissante, débit massif. Équipe tanzanienne, flux comme une lame de rasoir, vif et précis. La parole est jointe au geste, les corps se meuvent, et les chairs haranguent la foule. Ceccaldi est au plateau de fond, laissant muter son violon en une machine à bruits et à nappes électro qui creusent dans les boucles hypnotiques à fort BPM. La dame de l’an dernier s’est muée ce soir en un trio afro-futuriste, où le rythme impitoyable du singeli de Tanzanie emporte tout sur son passage.
— Lucas Le Texier

GrimR
Toi aussi, t’as entendu, hier, ce frémissement sortir de la salle basse du Consortium ? GrimR prouvait, encore une fois, que l’électro ce n’était pas seulement un amas de BPM irréfléchis. Hier soir, au rythme de ses boucles d’oreilles fluos, il a entrainés son monde dans ses histoires acidulées. À grands coups de lasers, d’éléments électroniques expérimentaux et de mélodies accrocheuses. Résultat, une légère envie de s’envoler et de planer avec lui. Ou bien une soif de rêves bioniques. Tu piétines ou tu trépignes d’entendre la suite, et il te balance la sauce dès le début du premier set. Enchaine par un rythme plus calme. Il te choppe par le colback et t’embarque dans sa techno électrisée. Et revient, pour te finir et pour embraser le festival et sa tribu. À travers son écran de fumée tu peux ressentir ce que c’est de retomber amoureux·se. Ou encore ce que tu vis quand t’as la rage au bide. À chaque morceau, une nouvelle histoire qui prend vie. Un bon petit shot d’adrénaline. Grimr, comme un aimant, comme le sorcier de son univers électrique bien à lui.
— Octavine Brobbel-Dorsman

Tribu 2024, jour 3
— jeudi 26 septembre, atheneum / Théâtre Mansart

Trivia
La croisée des chemins, le hors-cadre, le sacré, Trivia les porte dans son nom. Dans ses quatre têtes, dans ses quatre gosiers. Pour créer du chant clair sous la verrière de l’atheneum. Tout début a un endroit, tout chemin mène bien quelque part. Pour « Être là où la forme humaine nous aura porté·es », préciserait sans doute Henri Maquet, initiateur du quartet polyphonique. Quartet à l’aise sur place publique comme dans une salle de bar. C’est là que tout commence pour la partie apéritive de cette troisième soirée de sono globale. Soirée où une jeune génération frenchy mettra en onde et en corps les bruissements universels. Pour l’heure, c’est encore les frottements et pressions étranges. Étranges ? Oui, dans les rebonds oiselés, dans ces paroles d’amour qu’on devine, dans ces guidelines musico-ethno sur la langue d’oc, la langue basque, la langue tout court. Peu importe. Il s’agit, avec Trivia de faire société. On chante ou on écoute. On brode sur la fragilité et la puissance, le manque de nature, criant ici. Ici, on fait société et chacun fait ce qu’il a à faire, royaume du synchrone et plus simplement de l’unisson. Toujours un peu dangereux, visiblement ces temps-ci.
— guillaume malvoisin

Perrate & Paco de Amparo ft. Patricio Hidalgo
Du cante gitano d’Utrera, l’essence brillait hier soir sur la scène de Mansart. Grâce à Perrate, cantaor, voix éraillée et puissante. Grâce à Paco de Amparo, maniant sa guitare à mi-chemin entre les rythmes flamencos et gitans. Deux forces tranquilles, dans la voix et dans les doigts, chacunes dans leur équilibre. La guitare est dans son subtil mélange de rythme et de mélodie. La paume de la main résonne sur la caisse, les cordes grincent, pincées et tirées. Parfaites sur la voix revêche et indomptable de Perrate. Le flamenco gitan d’Utrera, c’est celui des faubourgs, pas celui des bourg(e)s. Le tableau de ces deux hommes, assis, riant entre deux traits de guitare, calés parfaitement sur leurs rythmiques mystérieuses, laisse la salle contemplative, touchée au cœur et suspendue au coup final. Au second plan, un écran où le peintre Patricio Hidalgo y niche ses silhouettes à l’encre de chine dans les interstices de la musique du duo. Ce sont des histoires d’hommes et de femmes, se croisant dans les contes oraux et visuels dessinés par trois autres hommes.
— Lucas Le Texier

Dandee + Komos Shuffle Party
Vous aussi, vous cherchiez désespérément le soleil sous la pluie battante ? Normal. Et, c’est à l’Atheneum que Tribu affichait beau temps. La Komos Shuffle Party défiait les lois météo à coup de lignes groove et de rythmes funk-house. Simple. Côté bar, fondateur du label Komos, digger et dénicheur de talents, Antoine Rajon est aux platines. Occasion de dégainer quelques-uns de ses disques pour une sélecta aussi distinguée que chaloupée.
Côté grande salle, les Dandee. Avec une palette sonore à l’image de leurs tenues : débordantes de motifs et de patchwork. Une basse aboie joyeusement, une batterie galope sans concession, un synthé ondule en boucles acides et psychédéliques. Les frontières sont abolies. Jazz, rock, pop, house. Le tout danse, serpente autour d’une voix soul qui se dresse en mélisme et retombe, scandant sa ferveur. Sa colère aussi, avant de s’envoler avec l’amour, et d’inviter à se dandiner franchement — dandee-ner, obligée de le tenter. Bulle de plaisirs donc, volupté électronique et cadence organique, viva Komos.
— Camille Fol

Tribu 2024, jour 4
— vendredi 27 septembre, La Vapeur

Alostmen
Curieuse expérience sensorielle que ce concert tout droit sorti du bayou du Ghana. Alostmen parle, les corps répondent. De ces quatre cavaliers de l’apocalypse rythmique, à coups de cajon et d’asalato, nait une transe qui embarque toute La Vapeur dès le début de soirée. On se laisse guider, on se lasse jamais. Ces tours de kologo semblent indestructibles. Et font du luth traditionnel ghanéen, l’attraction véritable. Stevo Atampire, leader des Alostmen, le consacre tantôt banjo, tantôt batterie, tantôt guitare, ou alors juste un bruit. Deux cordes, un bidon d’essence, bref, on n’est pas loin de la cigar box des bluesmen américains. Alostmen tisse le lien sacré entre le folklore et l’écrin de son époque. Quatre hommes se sourient, se partagent le flow et les percussions, jouent sur le décalage des voix avec l’instrumentarium, des ambiances stomp et des métriques enivrantes. Alostmen exigerait presque une initiation préalable. Histoire d’avoir, une paire d’oreilles en plus pour déceler et profiter le lien fraternel qui unit ces quatre comparses dans ce concert, offert à mi-chemin entre le country blues brut et la soul délicate.
— Lucas Le Texier

Guembri Superstar feat. Lova Lova
Guembri Superstar & Lova Lova. Parfait. Soyez les bienvenu·es dans un moment de flottement magnétique, moment parfaite, posé entre concert et communion électrique. Le son est brut. Il incarne le vivant. Il l’incarne et l’incante. La pulse est là très vite, qui grimpe crescendo, puis suit le débit de parole de Lova Lova, master de cérémonie venu augmenter le trio Space Galvachers, vu frémir au Tribu, il y a quelques années. Chez Lova Lova, les syllabes se répètent en boucle, se confondent au bourdon des instruments amplifiés, s’évaporent dans l’infini de leur itération. Difficile de ne pas bouger. Les regards des Guembri Superstar se croisent, les sourires s’étendent, les lèvres remuent malgré eux. Ça vient du sol, ça vient du corps, ça vient du cœur. Le violoncelle sonne et résonne comme sorti des entrailles de Clément Petit. Les stroboscopes suivent la batterie de Benjamin Flamant. Les visages du supergroupe se tendent régulièrement vers le ciel. La transe est proche. « C’est la musique, c’est la transpiration », dixit le MC. Simple. De cause à effet. Peut-être, un mantra à adopter pour repenser le monde. Ou juste pour se laisser aller dans l’instant. Dans la musique. Dans la fête.
— Camille Fol

K.O.G.
Le petit set de percus au centre de scène, déjà ça commence bien. Puis les bongos, congas et balafons, K.O.G. chauffe son set au premier coup de baguettes. Bam. Comme une voiture de course comme un puissant moteur, mais sans le vroum vroum vroooum ronflant du démarrage, normal, c’est l’écurie Heavenly Sweetness, avec Guts en chef mécano. K.O.G., alias Kweku Of Ghana, donne donc plutôt l’effet d’une claque immédiate. En passagers classe de ce taxi d’un soir, il y a, gigotant à  l’arrière : guitariste, bassiste, batteur, chanteuse et saxophoniste. Mais Kweku, musicien chanteur, d’origine du Ghana et établi à Sheffield en Angleterre, confirme vite que c’est lui le pilote de l’afromobile. Nattes à tout va, sunglasses qu’on ne voit d’habitude que sur le nez des grands stylés, l’artiste traverse la ville Tribu. Passage obligé par chaque quartier pour saluer ses influences : rap, afrobeat, reggae, musiques africaines traditionnelles. Monsieur Kweku du Ghana conduit ses passagers où bon lui semble, comme bon lui semble. De l’autre côté des vitres tintées des lunettes de K.O.G., la ville Tribu est déchaînée. De quoi rêver de voyager comme cela à travers le monde, dans cette afromobile, chaque soir, à chaque tour que la Terre termine. 
— Selma Namata

Tribu 2024, jour 5
— samedi 28 septembre, La Vapeur

M Sayyid
Can’t stop / won’t stop. Évidement, on userait l’antienne jusqu’à la corde. « Life too short, tu ne peux te permettre de perdre aucune de tes journées », dit en simple sample un des grands maîtres africain-américain. Sample aussitôt déclenché et M Sayyid part dans les constellations de l’afro-futurisme. Tout passe dans son hip-hop SF, sons nés des 70’s, tirés des 80’s, empruntés aux 90’s. À la manière du label Warp : tout son fait sens, quand on sait les agencer. En live, c’est deux micros pour le MC. Main droite main gauche, et la joie au centre. : falsetto de bel canto new yorkais, gueulerie de preacher de foire. C’est beau. M Sayyid balance l’héritage d’Antipop sans rien de nostalgique ni de définitif. C’est lourd, carré, cracra parfois, puissant toujours. Ça fouine dans les coffres, ça joue des trésors sonores, ça passe même du Yes. Et ça percute. A capella comme un bus le ferait si vous passiez trop près du trottoir. Peace ya. Ça cherche quand même le contact gentil. Comme un work in progress en live. C’est ce que pratiquait également Beans, passé à Dijon au printemps. C’est con, mais on aurait bien aimé que ces deux anciens du crew Antipop Consortium se croisent à moins de temps de distance. Histoire de pousser le cosmos encore un peu au-delà des limites. En attendant : « Gooooood Dijon ? I’m happy to be Back! » Won’t stop, quoi.
— guillaume malvoisin

The Bridge 2.4 – Morphose
Anna ou méta, on ne saura. Mais Morphose, il y aura eu en tout cas. Soit le titre de la version 2.4 des rencontres transatlantiques initiées par Alexandre Pierrepont et dont Zutique s’est largement fait l’écho. Soit une rencontre, une acclimatation (c’est, un peu, ça, la morose). Cette rencontre a lieu entre la jeune vague jazz frenchy et improvisateurs from Chicago USA. Les établis de The Bridge ont ceci de commun : tutoyer l’histoire de l’improvisation, explorer les marges possibles des combats africain-africain, en réactivant la colère, simple ces jours-ci, et les consolations fédérées, un peu moins simple. C’est toujours inédit et c’est improvisé. Cinq musicien·nes. Un par un imparables, ensemble armé·es d’une écoute modeste, badass dans le primaire comme dans le sophistiqué, fort·es de savoir placer ambiance et matière, têtu·es jusqu’à l’overdose, libres dans leurs soli joliment tournés. Pas grand chose à comprendre d’autre, si ce n’est que les filles mènent les débats par le bec, que l’humaine matière est au cœur de cette danse délicate et hyperactive des idées et des sons, que sous la surface de cette douce transe, il y a de l’humilité, de la fraternité généreuse. Rien à comprendre, tout à sentir, avant de traverser les ponts. Vers cette mortelle Morphose.
— guillaume malvoisin

Adana

Pour clôturer une soirée dense, Adana chauffe le monde pour entrer dans la danse. 100% GRRRRRL pour un début de set en crescendo, univers qui touche davantage à la jungle et la drum and bass. Les BPM augmente encore un peu et les derniers curieux de la soirée se déhanchent. Timidement ? Pas de soucis pour les deux DJ qui sont prêtes à en découdre. Adana sont des pros pour retourner les tracks et les salles. Sélectionnées avec minutie, les musiques choisies balancent en avant productions féminines ou minorités de genre. Moins timide d’un coup, la salle rentre dans le jeu, puise dans ses dernières ressources d’énergie et honore le contrat implicite : boom boom jump avec les selectors. C’est gagné, les kicks sont forts et puissants, ça rentre dans la tête et dans le corps. La recette d’Adana, sandwich parfait. À consommer à volonté.
— Roleca

Sami Galbi
Y’a des soirs comme ça où il fait moche et froid à Dijon. Là, t’as le choix. Soit tu traînes les pieds chez toi, tu râles en mangeant un reste froid d’escargots bourguignons. Soit tu te revitalises avec un bon raï / reggaeton de Lausanne, origine 100% Casablanca, cuit à la Vapeur. Sami Galbi est à la cuisine ce soir. À 23h00, les portes sont closes mais à l’intérieur, tout le monde se presse encore à la table de l’artiste musicien. Son interprétation de la musique arabe est un terrible festin puisque c’est la sienne, faite de ses mains. Avec ses saveurs douces émanants de sa langue d’enfance. Avec ses épices puissantes aux prods percussives, envahissant la bouche et le palais de tous celleux qui y goûtent. Et, enfin son assaisonnement du chef : électronique avec effets presque kitsch. La meilleure des sucreries, qui lui ont valu mieux que de figurer dans le guide Michelin : intégrer le label Bongo Joe. Car ses sucreries plaisent aux plus exigeants. Acides et sucrées, elles donnent envie de crier, de joie ou de colère, on ne sait pas. Son raï marocain est cathartique. Peu importe si l’on comprend la langue ou non, Sami Galbi galbe ses mots dans l’effervescence et l’ébullition des émotions de la vie courante. Car sa cuisine est poétique, mais aussi politique. De quoi danser avec lui sur ses riffs orientaux de guitare et manifester, tout comme lui, joie, colère, désespoir, mais toujours dans une dimension collective, sociétale, sociale. De quoi oublier, aussi, quelques heures au moins, le bout de ses propres pieds.
— Selma Namata

Tribu 2024, jour 6
— dimanche 29 septembre, La Parenthèse/La Manivelle

Damon Locks.& Fanny Lasfargues
Eric Chenaux Trio
A l’est dijonnais, du nouveau. Cette fin de Tribu a vu sur scène une petite excroissance musicale issue du Bridge franco-chicagoan, une rencontre entre le poète-artiste Damon Locks et la bassiste Fanny Lasfargues. La perf, c’est une architecture à quatre mains, sur fond de noise et de minimalisme sonore. Deux visages impassibles, concentrés sur l’action, une sorte de sound system bricolé d’extraits de films, de samples de voix soul et de lignes de basse trafiquées. Dans ce concert qui s’écoute comme un grand continuum polymorphe, la création du duo compose une grande pièce afro-futuriste, tout à la fois poèmes, grooves et politique. Poésie, voici le lien avec les chansons d’Eric Chenaux. Oniriques, lentes, cotonneuses, les ballades d’Eric Chenaux ont quelque chose de la pureté, coincée entre la tendresse et la naïveté. On se laisse embarquer dans les wah-wah, sons électroniques bidouillés et la voix fragile dans cette pop expérimentale et douce. La bande-son parfait de ce dimanche soir d’automne ? Pas de doute.
— Lucas Le Texier

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