Jazz Back
PointBreak a joué l’entremetteur entre le jazz et les millenals qui, a priori, s’en contrefout un peu du jazz. On a laissé jouer les algorithmes. C’est marrant, tous ces tracks qui émergent des descentes de la Gen Z dans SpotiTube, You-Fy et autre AlgoFlash. Ici, c’est une épopée imagée. Bref, c’est Jazz noob. Voici le cinquième épisode d’une saison 3 de témoignages-vérité.
Santa Cruz, Colifornia © Record Group 412: Records of the Environmental Protection Agency,
Jazz ? Connais pas. D’après ma playlist, aucun son de ce style à déclarer. Alors comme tout noob respectable, je tape « Jazz » dans la barre de recherche Spotify. Une playlist s’affiche. « Jazz Club » ? Moi aussi je veux faire partie de cette bande. Vu que les choix me saoulent assez vite, je laisse l’aléatoire me guider. Bingo. La traversée de mon dimanche commence tout en douceur avec Solitude de Billie Holliday. Je plonge direct dans les années 40 et c’est pas désagréable. J’ai l’impression que le temps passe au ralenti. De quoi être transportée dans un bon vieux film en noir et blanc. C’est exactement le genre de morceau que j’écouterai sur ma platine à la tombée de la nuit. Tout commence bien.
On continue. Un air de piano réveille mes tympans. C’est Stormy Weather dans la version décoiffante d’Etta James, sortie de l masterpiece qu’est At Last, son disque de 196 . Le petit brin de Soul me donne une envie de me lever, chanter et danser (plutôt inhabituel, ça, chez moi). Peut-être parce que cette voix me rappelle quelque chose. Bien sûr, c’est la diva qui pose sur Something’s Got A Hold On Me. Comment passer à côté de ce classique ? Noob oui, mais pas sans référence de masterclass, cependant. En parlant de masterclass, j’enchaîne avec Fly Me To The Moon par Frank Sinatra et Count Basie. J’avais oublié cette chanson. La mélancolie prend le dessus, c’est le passé qui surgit. Avec mon casque, sous les rayons du soleil, impossible de résister au chantonnement du titre. De mieux en mieux.
— Stormy Weather par Etta James (1960)
Next. Le jazz ça se partage non ? C’est la version vocale de But Not For Me de Chet Baker qui vient égailler un bon vieux repas de famille de dimanche midi sous la chaleur estivale. Hop ! Plongée instantanée à Broadway. Agréable mélodie au saxo pour siroter deux/trois verres, pas mieux. Une fois seule, on laisse redescendre la pression avec Lazy Afternoon d’Irene Kral. Comme une impression de liberté exaltante. Les vibrations des cuivres fixent mon attention et m’envoûtent. Les notes de piano virevoltent avec grâce et précision. C’est reposant mais, étonnamment, pas chiant. Je brise un des aprioris que j’avais sur le jazz.
On change d’univers. Four Women de Nina Simone. Une grande chanson par une grande chanteuse. C’est plus dark, puissant comme les faits qu’elle dénonce. Quatre histoires, crues et implacables. Pas le choix, les poils se hérissent et les frissons débarquent face à une telle voix. Les percussions rythment le tout, ma tête bouge au frétillement des cymbales. Juste wow.
Un autre morceau attire mon attention, I Wish I Knew de Silva & Steini. J’aurais aimé le connaître plus tôt aussi. Triste mélodie au piano, voix féminine séduisante et texte de lover, le combo parfait pour finir dans ma playlist. Mais malheureusement toute bonne chose a une fin. Il serait peut-être temps de retourner à la réalité et surtout quitter le passé. Bon… je me laisse tenter par une petite dernière. Je clôture cette balade forte en découvertes par l’atmosphère émotionnelle de Beverly Kenney sur Born To Be Blue. Tout ce que j’aime. Son timbre chaleureux me transporte dans cette histoire d’amour perdu. Hum… Penser à explorer davantage l’esthétique du jazz vocal des années 50. Je retire mon casque et quitte cette bulle hors du temps. Finalement, je laisse tomber mes préjugés, peut-être pas tant que ça une musique de boomers, le jazz. Pas honte de le dire, y’a même quelques sons qui ont fini dans ma playlist.
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Camille Muller
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