Pas de gâchis pour Pomme de terre. Pas de préliminaires. Il frappe à la chair, direct, ce trio devenu quartet sur cet Apocalypse Selon Saint Niels. Disque live gravé en 8 chapitres et d’après un set à Jazzdor 2022. Les deux guitares, trompette, batterie sonnent d’emblée. Et sans assise. Les quatre tubercules en profitent pour mixer ad libitum noise et free-bop. Bien mieux que les légumes à volonté chez Flunch. Tirs à vue, longues phrases sans une once d’incohérence, cuisson des éléments parfaites. Pomme de terre, ça marche en trois temps : impulsion, étincelle, explosions. Entre chaque, ça dialogue, ça complète, ça incise. Inventé pour aller titiller les origines US d’un jazz revues à la Française, Pomme de terre frappe fort. On imagine sans mal Aymeric Avice, Étienne Ziemniak, Richard Comte et Niels Mestre envelopper de son un parterre qui se prend un mur. Du son. Béton armé sous la finesse des excroissances et des ornements. Pas impossible, qu’il n’ y ait rien de comparable dans l’hexagone. Furieux ? Oui. Puissant ? Oui. Bruitiste ? Oui. Mais léger et inventif. Sans discours ni plans établis. Mais avec ce qui caractérise, à, nos yeux, le leader de ce potager sonique : une inventivité instinctive. Plus rare. Avice n’est pas un phraseur. Ni en interview ni en musique. Tout est pesé à la tripe, tout est joué de même. Ça propulse, ainsi, des émotions passionnantes, voir Chapitre II, des envies d’éternité, aussi, à la fin du Chapitre VIII. Sinon, la légende raconte que la traduction du patronyme du batteur aurait fourni le nom du groupe. Groupe dont chaque membre a la furieuse habitude, on ne s’en plaindra jamais, de balancer, ce qu’il convient d’appeler, de sévères patates.

—
Guillaume Malvoisin
—

Jazzdor Series : Bandcamp