Jungle Book Reimagined
Simple fable ? Akram Khan prouve que non. Cette relecture dansée à l’Opéra de Dijon le 18 mai, parle d’écologie dans un décor hypnotique et léger.
Mowgli ? Vous connaissez ? Pas certain. Et si, le jeune môme de la jungle était finalement une jeune rescapée climatique ? Naufrage et jungle urbaine. C’est le pitch de Jungle Book reimagined, relecture dansée du tube de Rudyard Kipling par le chorégraphe Akram Khan.
Sur scène, peu de décors en dur. Tout reste léger. Des cartons empilés, une quarantaine tout au plus. Le parti pris du créateur visite le spectacle sur son terrain, c’est une fable écologiste qui alerte, c’est un récit sur le rapport au vivant.
Un peu faible comme scéno ? Tout faux. L’audiovisuel, on le sait depuis 1987, peut faire des miracles. Des animations à l’avant-scène et en arrière-plan plongent les dix danseurs dans un paysage interactif en décrépitude. Les corps gambillent; le ballet animal est rythmé par les mots et les projections. La plupart du temps, ce sont les dialogues qui font mélodie.
Photo © Théâtre de la Ville de Paris
Jocelyn Pook les ponctue d’une partition anachronique. La musique fait fi des frontières géographiques. À raison, celles-ci sont de toute façon sous l’eau. Les drones chevauchent les influences classiques, les samples grésillants d’un discours de Greta Thunberg se mêlent aux lamentations des chœurs féminins et à des chants traditionnels. Congo, Bangladesh, Serbie. Ces bons vieux Baloo et Bagheera voguent dans une œuvre ondoyante. En eau presque trop tranquille parfois. Mais aux voix des choeurs qui bercent répondent les parasites sonores de bourdons assourdissants, prenant de plus en plus de puissance et manquent d’engloutir la salle au climax du récit tropical. Naufrage sonore ou sonnerie d’alarme, cette relecture ? Kipling est au point chaud de l’actu.
_
Camille Fol
_
Photo © Ambra Vernuccio