Prononcez Kaze à la française et c’est la plantade assurée. Très elle vous fera défaut, cette case. La musique de ce disque est libre. Scrupuleusement. Elle ne supporterait pas plus les que les grilles d’écoute que les classements. Ou alors, peut-être, un classement sans suite. Ce qui la laisse être ce qu’elle est : une musique sans borne. Prononcez Kaze, « casé » selon son appellation d’origine controlée, et vous aurez l’essence du quartet. Kaze, c’est le vent. En japonais. Toujours un peu libre et entêté, donc. Et Kaze de souffler. Par le pavillon de Christian Pruvost face à celui de Natsuki Tamura. En appui du duo de trompettes, il y a la rythmique. Batterie versus piano. Noise et laconique. Précise et empathique. Franco-Japonaise, elle aussi. Peter Orins quadrille l’espace où Satoko Fujii corrobore, interfère ou digresse. À eux quatre, les musiciens de Kaze avaient déjà établi les codes d’une musique à l’amplitude fascinante. Faite de contrastes ultra précis et des sauts dynamiques à la maitrise parfaite. Ici, tout est rejoué avec la présence Ikue Mori, fraction de l’ADN de DNA (pas le journal alsaco mais le groupe de zinzins new yorkais né en 1977 dont les frasques agitent encore les concepts de la musique libre d’aujourd’hui). Héraulte sans peur de la noise, Ikue Mori sait aussi jouer pédale levée. On l’entendu sur ce Crustal Movement. C’est flottant mais ça pèse sur la réalité du corps avec une aisance imparable. Ce qui se joue, ici, a l’épaisseur des contes dont on a perdu l’origine et qui se réinventent sur l’instant, avec une vivacité espiègle. Difficile d’enfermer ça dans une simple case

—
Guillaume Malvoisin
—

Circum : Bandcamp