La spiritualité et la musique ont parfois ce pouvoir de partager le son de ce qui nous dépasse. Dépassée aussi la date de sortie de Diva of Deva Loka, (Akuphone, juin 2022). Mais ce disque est de ces créations mystiques qui offre à l’art toute la force du mystère. Ça justifie ce retard.
Enregistré d’une seule traite, cet objet tient à la rencontre entre le multi-instrumentiste Devin Brahja Waldman et différents magiciens croisés sur sa route : le chanteur marocain Ziad Qoulaii, le claviériste Mathieu Pelletier-Gagnon, les guitaristes Vicky Mettler, Anass Hejam et Sam Shalabi, le joueur de guembri Anas Jellouf et l’oudiste Hamza Lahmadi Kenny. Fort d’une réussite absolue en 2019, Brahja, avec ces nouveaux amis et peut-être quelques potions mystiques ingurgitées en douce, forme Kadef Abgi. Posés en entre Orient et Occident, mais aussi à la frontière du spirituel et de l’expression de soi, leurs morceaux dialoguent constamment avec le haut et le bas. Les références aux musiques religieuses ne sont jamais très loin, improvisation vocale sur Abbès Saladi, proche du chant sacré, et référence à la miséricorde divine sur Rahma. On peut sans peine imaginer le chanteur qui, tout en demande d’un peu de compassion, tente de retirer avec appréhension une écharde de son pied. Ailleurs, les sons modernes de Sahel Part II ou le groove exalté d’Omri rappellent que la vie de l’homme est déjà, à elle seule, une mélodie follement enivrante. Kadef Abgi transporte ainsi l’auditeur dans un entre-deux, où il est possible de léviter, avec un brin de folie, sur le pourquoi du comment. La tête à l’envers, au point de finir ce disque par un « bonjour » (Merhaba) un peu perché. Bonjour, Diva, l’aventure commence.

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Selma Namata
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Akuphone : Bandcamp