Sbatax,
Spires
sortie le 10 mars 2023 sur Umlaut Records
Sbatax, ça tabax, deuxième. Après avoir essuyé les précédentes volutes incendiaires en 2020, nous revoici en présence du duo Antonin Gerbal/Bertrand Denzler, porté furieusement sur l’art de vivre à la free jazz. Ce Spires poursuit et prolonge la voie ouverte en 2015, avec Heretofore. Vitesse, micro-cellules rythmiques et harmoniques, contournement des mélodies par leur face essentielle. De la nécessité, ici, il y en a partout. Dans le maelstrom sonique déversé dans les deux plages de plus de 20 minutes. Dans le discours si peu prémédité mais tout entier prononcé, affirmé par les deux musiciens. Sbatax, ici, se fait encore plus modeste et humble, dans cette parole. Volubile sans être loquace. Généreux sans être jamais dispendieux. Et tout autre faux-paradoxe qui ressemblerait à ces deux-ci. Voir comment les motifs rapides et bruts de Spires se répètent et avancent en enflammant le ténor de Denzler. Passons l’analogie coltranienne. Passons la jonction d’esprit avec les lignes directes d’un Xenakis. Même intensité, même urgence du mouvement. Mais. Il y a ici que de la spirale charnue. Il y a là toute la puissante d’une humanité singulière au charbon pour vivre intensément pendant 22 minutes et 33 secondes. Sur Azimuths, il en va de même, of course. Revenons à Spires et à son entame doublées de roulements de caisse-claire et de cymbale. Là encore, économie de moyen ultra évocatrice, figure dont Gerbal n’est pas le moindre représentant. Bien entendu, entendre ce duo, n’est pas suffisant, il faut aussi l’avoir vu. L’avoir vu ne pas s’agiter dans la tourmente sonore, mais rester debout droit et puissant face aux déferlantes.
—
Umlaut Records : Bandcamp