James Brandon Lewis,
Eye Of I
sortie le 3 février 2023 chez Anti- Records
Introspectif. Forcément et férocement ce Eye Of I. Sans doute a-t-on manqué quelques disques de James Brandon Lewis depuis Code Of Being en octobre 21. Le sax tenor est prolifique et jamais en place. Sa musique, en revanche, toujours. Et lucide, et parée à la plus tenace des révélations. Soi-même. Si vous voulez vous planquez, n’écoutez pas ce disque. Son écoute est d’une beauté douloureuse, certaines rencontres font cela, révéler des possibles songeurs. Joué en trio, vibrant sur un équilibre instable, on est très vite en terrain connu. Someday We All Be Free scande avec le lyrisme habituel, encore plus resserré peut-être, les viscères vous font lever le poing. The Blues Still Blossoms tient d’une main sa racine musicale et de l’autre giflerait la moindre résignation. Send Seraphic Beings cajole, lui, et simplement, comme le ferait un angelot, paisible et menu, lové dans le creux de votre cou. Plein d’une pulse reptilienne, fort de cette clarté pleine de soul décrite dans ces colonnes pour Code Of Being. Bien. Après le code de conduite, la pratique de soi-même. Férocement. Et, forcément, ça fout un peu la trouille cette urgente nécessité à se dire les choses. James Brandon Lewis se plie à l’exercice au sein de sa nouvelle écurie Anti-, label où résonnent encore ses solos sur le Songs Of Resistance de Marc Ribot. Eye Of the I parle de soi pour aimer le Monde ? Soit. S’il se paie une fois encore le luxe délicat de pouvoir apaiser pour quelques temps quelques colères, JBL montre cette fois-ci en plus, que l’oeil du cyclone n’est pas forcément noir. Pupille vert-noisette, bleu tempête, rayez la mention inutile.
—
Anti- : Bandcamp