Il y a des disques-monde, il y a des disques-paradoxes. Yéti appartient à la seconde catégorie. Yoann Loustalot, trompettiste patient, soigneux et aérien, s’y laisse apercevoir intranquille, parfois rageur et posé sur un sol à peine ferme. Au fil des écoutes, il y des failles qui s’ouvrent, Cetus ou Indian Story, des étoiles qui décident de ne plus s’éteindre, Valkyries Love. Sans aucun doute, la perturbation impeccable vient du tandem formé par le guitariste Giani Caserotto et le batteur Stefano Lucchini, dont les possibilités d’impro et de mises en espace sonores tiendraient tout juste dans les studios de Cinecittà. Car ce disque est un western, un film où un convoi d’apaches cherche Big Foot, obsédé au point de le faire surgir en imagination et en plein désert, c’est Yeti’s Call. Les images naviguent sans peine au fil des 9 tracks. La mélodie reste chevillée aux climats, les atmosphères accrochées à la matière la plus ténue. On trouvera ce qu’on voudra, on entendra ce qu’on aimera. Il reste une chose qui mettra tous les tympans d’accord, c’est le son compact d’un trio resserré face à ses propres possibilités d’invention, larges et définitivement multiples. Avançant à grands pas.

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Guillaume Malvoisin
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Yoann Loustalot : site web