BENOIT DELBECQ 4, Gentle Ghosts
sortie le 25 juin 2021 sur Jazzdor Series
ENGLISH
So, you can be a pointillist without being fussy. Pointillist, or more precisely, let’s say impressionist for Benoît Delbecq, great fan of Claude Monet. Impressionist, for example, in the touch that drives Gentle Ghosts, the patient and eponymous blues of this record. One nice reason to keep this record in heavy rotation. Impressionist, then indeed. Impressionist in its spaces and in the imaginery landscapes of the other 6 tracks of the album. Impressionist, finally, in the line-up of this quartet that squares harmonics and subtle tensions. Quite fascinating to see how Delbecq re-enacts the links between the four musicians. Mark Turner, whose restraint is matched only by the implacable and brilliant velvetiness of his sax parts, faces the pair Gerald Cleaver/John Hébert. The listening is tense, open and with a discretion that would make the weepers of Sicily cry real tears. All have played together, recorded together. Gentle Ghosts is based on a complicity of full evidence, with a demanding modesty. The kind that pushes you towards the bottom rather than towards decorum. What is at stake in this album is the networks that unite the quartet. No friendship is claimed or displayed. Everything is played, once again, with discretion. The kind that forces you to lay down weapons and precautions, to accept to be taken in by the impressionistic beauty of this sensitive music. Impressive. Period.
Comme quoi on peut être pointilliste sans être pointilleux. Pointilliste, ou plus justement, impressionniste pour ce fan de Claude Monet qu’est Benoît Delbecq. Impressionniste, par exemple, dans la touche qui pilote Gentle Ghosts, le blues patient et éponyme de ce disque. À lui seul raison suffisante pour faire tourner à haute rotation ce disque. Impressionniste, donc. Impressionniste dans les espaces et dans les imaginery landscapes des 6 autres plages de l’album. Impressionniste enfin le line-up de ce quartet qui quadrille harmoniques et tensions subtiles. Plutôt fascinant de voir comment Delbecq rejoue ici les liens, les attachements des quatre musiciens. Mark Turner, dont la retenue n’a d’égale que le velouté implacable et brillant de ses parties de sax, fait face à la paire rythmique Gerald Cleaver/John Hébert. L’écoute est tendue, ouverte et d’une discrétion à sortir de vraies larmes des pleureuses de Sicile. Tous ont joué ensemble, enregistré ensemble. Gentle Ghosts repose sur une complicité de pleine évidence, à la modestie exigeante. De celle qui vous pousse vers le fond plutôt que vers le décorum. Ce qui se joue dans cet album, se joue dans les réseaux qui unissent le quatuor. Pas d’amitié revendiquée ni étalée. Tout est joué, encore une fois, à la discrétion. De celle qui vous oblige à déposer armes et précautions, en gros à vous faire avoir par la beauté impressionniste de cette musique sensible. Impressionnant. Point.